Ebola : mesures de précaution en France, mobilisation générale en Afrique de l’Ouest

Publié le 05/04/2014

Des équipes médicales françaises ont été déployées à l'aéroport de Guinée Conakry "pour limiter au maximum" le risque d'une arrivée sur le sol français du virus Ebola apparu en Afrique de l'Ouest, a annoncé samedi lMarisol Touraine, tout en assurant qu'il s'agissait juste de mesures de précaution. "Des équipes de l'institut Pasteur, des médecins d'organisations non gouvernementales qui sont sur place pour surveiller la manière dont se déroulent les embarquements ce sont des procédures jugées les plus efficaces face au risque lié à un virus", a-t-elle précisé lors d'une visite au centre médical d'urgence situé au terminal 2Fde l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle. "La meilleure façon de lutter contre ce virus, c'est d'éviter sa propagation", a insisté la ministre des Affaies Sociales, en répétant toutefois qu'il n'y avait "pas de malade atteint du virus Ebola sur le territoire français aujourd'hui".

137 cas et 86 décès en Guinée

Sur place, de plus en plus de pays d'Afrique de l'Ouest sont d’ailleurs mobilisés contre une épidémie de fièvre hémorragique partiellement due au virus Ebola qui a déjà fait 86 morts en Guinée. Les 86 décès en Guinée font partie d'un bilan global de 137 cas enregistrés depuis janvier, essentiellement dans des préfectures de la Guinée forestière (sud et sud-est), selon le dernier bilan des autorités guinéennes . 45 de ces cas ont été confirmés positifs à l'Ebola, virus hautement contagieux et souvent mortel contre lequel il n'existe ni vaccin, ni traitement. Jeudi soir, le gouvernement guinéen a cependant fait état de guérison de deux cas d'Ebola en isolement à Conakry (photo).

L'épidémie est jugée "sans précédent" par MSF et préoccupante par plusieurs spécialistes. La flambée "n'est pas encore sous contrôle a priori" et "il y a une grande dispersion des patients", a estimé Sylvain Baize, chef du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales de Lyon (France), qui a posé le diagnostic de l'Ebola en Guinée.

Incident entre la population de Macenta et MSF

En Guinée forestière, tous les cas suspects et ceux ayant été en contact avec eux sont sous surveillance, a indiqué vendredi à Genève le porte-parole de l'OMS, Gregory Härtl. Mais "nous ne pouvons pas baisser la garde tant qu'il ne se sera pas passé 42 jours" sans notification de cas, ce qui signifierait la fin de l'épidémie, a-t-il expliqué. Selon les spécialistes, l'isolement des malades confirmés et des cas suspects est l'unique moyen de casser la chaîne de transmission du virus. Une mise à l'écart souvent mal comprise dans certaines communautés où obligations sociales et rites traditionnels sont importants. A Macenta (sud-est), des habitants s'opposant à la mise en isolement d'un des leurs s'en sont pris à un site de Médecins sans frontières (MSF), très active sur le terrain l'épidémie.

L'inquiétude régnait également vendredi à Bamako, après l'annonce jeudi de trois cas suspects - les premiers au Mali, placés en isolement et dont des prélèvements ont été envoyés aux Etats-Unis pour analyse. Vendredi matin, ils se portaient mieux, a assuré le ministre malien de la Santé, Ousmane Koné. Le Mali a déconseillé "les déplacements non nécessaires vers les zones d'épidémie".

Plusieurs cas suspects, dont certains mortels, avaient déjà été signalés ces derniers jours au Liberia et en Sierra Leone, tous en lien avec une contamination venue de Guinée voisine. Les tests au virus Ebola ont été positifs pour deux cas au Liberia, négatifs pour la Sierra Leone. Jeudi, le gouvernement libérien avait annoncé la découverte dans une zone forestière de la région de Nimba (est) d'un nouveau cas suspect non lié à la Guinée, contrairement aux précédents signalés essentiellement dans le comté de Lofa (nord). Il s'agit d'un chasseur, qui est décédé. Des échantillons prélevés sur lui ont été envoyés en Guinée pour y être analysés. "En attendant les résultats, nous avons demandé à la population de ne pas toucher à la viande de brousse dans tout le pays", a dit Bernice Dahn, du ministère libérien de la Santé. Officiellement, 14 cas de fièvre hémorragique, dont sept mortels, ont été signalés au Liberia.

C'est la première fois que l'Afrique de l'Ouest est confrontée à une flambée d'Ebola de cette ampleur, contrairement à l'Afrique centrale, qui a connu des épidémies meurtrières depuis la découverte de ce virus en 1976 en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). La RDC va envoyer en Guinée quatre de ses experts en surveillance épidémiologique pour l'assister dans la lutte, a annoncé le ministre congolais de la Santé, Félix Kabange Numbi, vendredi à Kinshasa. Elle va aussi "relever le seuil de surveillance" au niveau des 98 points d'entrées du pays et du milieu hospitalier, et les contrôles viseront particulièrement les voyageurs en provenance d'Afrique de l'Ouest, a-t-il dit. Plusieurs Etat, dont des voisins de la Guinée, ont déployé des équipes sanitaires à leurs frontières et mènent des campagnes de sensibilisation et de prévention.


Source : lequotidiendumedecin.fr