EHPAD : le plan de bataille des parlementaires socialistes pour doubler le nombre de lits

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Publié le 18/10/2018
EHPAD

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Crédit photo : S. Toubon

Alors que le Parlement vit au rythme des débats sur les différentes lois de finance, sénateurs et députés socialistes ont présenté aujourd'hui un « budget alternatif 2019 ». Intitulé « Un budget juste pour les Françaises et les Français », il se présente comme un programme politique en trois axes − pouvoir d'achat des retraités, transformation énergétique et cohésion sociale − que les parlementaires se réservent le droit de traduire au choix sous la forme d'amendements aux textes budgétaires ou en futures propositions de loi.

Les socialistes proposent de lancer un plan d'investissement de construction et de rénovation du parc français d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des structures de soins palliatifs.

Ce plan, imaginé sur dix ans, est à destination aussi bien des résidents que des personnels qui font vivre ces établissements. Aux premiers, il veut offrir des « conditions d'accueil et de prise en charge digne ». Aux seconds, il entend proposer des « conditions de travail synonymes de beaucoup moins d'arrêts maladie ».

Une manière pour la « troisième force parlementaire de ce pays », comme se plaît à l'appeler Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, d'apporter leur soutien aux retraités et aux personnes âgées, « principales victimes de la politique de ce gouvernement ».

10000 places d'EHPAD par an

La principale mesure sur le médico-social vise à augmenter le nombre de lits en hébergement permanent pour en doubler le total (600 380 au 31 décembre 2015 selon l'INSEE) d'ici à 2040. Seul moyen selon les parlementaires socialistes pour « conserver l'offre moyenne actuelle, déjà insuffisante, proche de 10 lits pour 100 personnes de plus de 75 ans ». Pour y parvenir petit à petit, ils prévoient d'adopter un rythme de construction de 10 000 nouvelles places par an pour un coût estimé, sur l'année 2019, à 1,2 milliard d'euros. 

En parallèle, un plan de rénovation des EHPAD est prévu. Les structures hospitalières − EHPAD publics adossés à un hôpital − sont tout particulièrement visées par cette mesure dont la situation est jugée « particulièrement dégradée et vétuste »Selon la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, ministère), elles représentaient 127 070 résidents au 31 décembre 2015, soit environ 21 % du total.

Aux manettes sur ce dossier, la députée Christine Pirès Beaune (Puy-de-Dôme) déplore un « état de vétusté incroyable » de certains établissements de sa circonscription prenant l'exemple « d'un EHPAD équipé d'une seule douche pour tout un étage de soixante pensionnaires ». Selon et conformément au budget présenté, 140 millions d'euros annuels sont nécessaires sur dix ans pour remettre aux normes ces bâtiments.

Enfin, un effort de 100 millions d'euros est réclamé l'année prochaine pour les structures de soins palliatifs afin de poursuivre l'effort du Plan National 2015-2018.

Étrangement absents des mesures, Christine Pirès Beaune se défend d'oublier les personnels médicaux et paramédicaux. Faisant allusion aux annonces d'Agnès Buzyn sur le sujet en mai, la députée évoque « plusieurs mesures déjà prises par la ministre » en ce sens. « Mais il faut comprendre qu'en remettant à neuf un EHPAD, on améliore les conditions de travail du personnel et on évite ainsi les accidents du travail et les maladies, ajoute-t-elle, en faisant de l'investissement, on fait aussi pour le fonctionnement ». Pour aller plus loin, Christine Pirès Beaune attend la mise en œuvre des recommandations du rapport rendu par la députée de la majorité Monique Iborra en mars.

En marge de la présentation du budget alternatif, Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes à la commission des Affaires sociales, a tenu à dénoncer « le satisfecit que le gouvernement se donne à lui-même au sujet de l'ONDAM » (dépenses d'assurance-maladie). Selon lui, le taux de +2,5 % proposé par l'exécutif ne prend pas en compte l'inflation et ne réduit donc pas « l'effort absolument considérable » demandé aux établissements. « Le plan hôpital est bien en deçà de ce qu'exige la situation », conclut le député.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr