Pour combattre la désertification médicale qui gagne les régions italiennes, les autorités s’organisent de façon diverse. Afin de renforcer les effectifs en berne, plusieurs hôpitaux misent déjà sur le recours aux agences spécialisées dans l’intérim médical. Une recette qui soulève l’inquiétude croissante des syndicats de praticiens hospitaliers.
Mais d'autres régions ont décidé de s’inspirer... des méthodes de l’armée en temps de guerre en rappelant ce que certains gouverneurs appellent « les réservistes », c’est-à-dire les praticiens retraités ! C’est le cas de la Vénétie, au nord du pays, où le gouverneur Luca Zaia a publié un décret autorisant les praticiens retraités à reprendre du service aux urgences hospitalières, de façon temporaire et pour l'instant sur la base des volontariats. Une décision adoptée après l’ultime tentative de recrutement lancée par les établissements publics régionaux – seulement dix candidats ayant répondu à l’appel concernant 80 postes à pourvoir aux urgences.
Un anesthésiste de 85 ans
Le gouverneur de la Vénétie a tout essayé. L’an dernier, il s’était déplacé en Slovénie pour tenter de séduire les jeunes médecins à la recherche d’un emploi. En vain. « Nous manquons toujours cruellement de médecins ; à Mestre, à côté de Venise, un anesthésiste de 85 ans opère ponctuellement au bloc opératoire », a justifié Luca Zaia en promulguant son décret.
Cette solution a également été adoptée par la région du Molise (centre) pour compenser les départs non remplacés d’effectifs de praticiens spécialistes, faute de relève dans le public comme dans le privé. « Le nombre de places dans les écoles de spécialisation étant nettement inférieur au nombre de spécialistes qui partent en retraite, on peut difficilement pourvoir tous les postes après les départs », reconnaît un syndicat italien d'anesthésistes (Aaroi), très critique quant au rappel des praticiens retraités. D'autant que certains redoutent l'étape suivante : un recours aux jeunes médecins retraités qui se ferait cette fois de façon plus contraignante (comme un tour de garde).
« Effectuer des gardes à 65 ans est très fatigant, les médecins fuient les hôpitaux parce que les conditions de travail sont trop lourdes et maintenant on leur demande de rempiler parce que le système n’a pas été capable de se réorganiser », tonne de son côté le Dr Carlo Palermo du syndicat de médecins Anaao.
Que faire pour attirer les jeunes médecins ? « Revoir complètement la grille des salaires et des horaires, faciliter l’accès au milieu hospitalier et augmenter le nombre de places dans les écoles de spécialisation ! », préconise le Dr Maurizio Rocco, président de l’Ordre des médecins d’Udine. En attendant, c'est bien l'appel aux médecins retraités qui fait débat...
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