La crise grecque n’est pas réglée

Europe : misère politique

Publié le 20/07/2015
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Début d’émeute la semaine dernière à Athènes

Début d’émeute la semaine dernière à Athènes
Crédit photo : AFP

La crise, qui est la plus grave de l’après-guerre, a fait voler en éclats la discipine budégtaire dans tous les pays, y compris l’Allemagne, dont la dette atteint encore 75 % du produit intérieur brut (PIB). Dans le catalogue des pays qui n’ont pas contenu leur dépense publique, sont loin d’avoir équilibré leur budget, n’ont pas réalisé les réformes nécessaires à leur compétitivité, la Grèce arrive en bas de la liste, avec une dette insurmontable, un chômage record, un manque de liquidités, des déficits vertigineux. Tout le monde sait aujourd’hui qu’elle n’aurait jamais dû entrer dans la zone euro. Elle n’y est parvenue qu’en maquillant ses comptes, avec la complicité des Européens, qui ont fermé les yeux. Maintenant, tout le monde, mais les Grecs plus que les autres, paie pour ces erreurs historiques.

Les Grecs sont coupables d’avoir dilapidé les sommes qui leur été accordées non pas pour qu’ils vivent dans la prospérité mais pour qu’ils dynamisent leur économie. Les gouvernements des autres pays sont coupables d’avoir ouvert la porte de la zone euro à la Grèce sans avoir mis en place, au préalable, des institutions de type fédéral dont le fonctionnement aurait épargné aux Grecs leurs souffrances actuelles. De la manière dont les États hostiles à la Grèce traitent ce pays en le mettant sous tutelle et en bafouant sa souveraineté, les extrémistes de droite et de gauche tirent la conclusion qu’il faut démanteler les structures de l’Union européenne. Faux. Il faut au contraire les renforcer.

Indispensable : un budget européen.

Et commencer par créer un budget européen digne de ce nom. Dans un système fédéral, le pouvoir central dispose d’un budget à la hauteur du nombre de citoyens qu’il gouverne. Le budget européen est ridicule. Il l’est parce que les membres de l’Union ont décidé que la faillite d’un État n’est plus possible, dès lors qu’il respecte les critères de Maastricht et que, en conséquence, sa dette ne peut pas dépasser 60 % de son PIB et que son déficit public sera contenu à 3 %. Comme ce n’est pas vrai, on est obligé d’aller puiser dans le budget des États-membres de quoi financer, dans la panique, un État qui ne maîtrise plus aucun paramètre.

Des mécanismes ont été mis en place qui sont censés compenser le déficit politique de l’Europe et c’est à ces mécanismes que l’on fait appel aujourd’hui. Les créanciers de la Grèce veulent se persuader eux-mêmes que tout va bien se passer, que les parlements des pays membres de la zone euro vont voter le plan adopté à Bruxelles, qu’un refinancement de l’économie grecque va être trouvé, que l’énorme dette grecque va être soit partiellement annulée soit rééchelonnée sur une ou deux décennies de plus. Ils constatent qu’Alexis Tsipras, après avoir lancé à ses partenaires européens ce défi absurde du référendum et appliqué une stratégie incohérente, s’en tient aux engagements qu’il a pris dans l’accord, trouve une majorité pour le soutenir (quitte à casser son propre parti) et fait de la pédagogie aux Grecs.

Il leur explique enfin qu’une sortie de la Grèce de la zone euro aurait des conséquences encore plus tragiques que ce qu’ils ont déjà connu. Le leader de Syriza, parti d’extrême-gauche, devient l’un des chefs de gouvernement les plus fréquentables d’Europe, ridiculisant du même coup les partis extrémistes qui, en France, en Espagne et en Italie, se voient déjà aux marches du pouvoir. Pure folie, sanctifiée par un discours fallacieux, qui nous conduirait tous à la ruine.

Il demeure que le rétablissement de l’économie grecque n’est pas pour demain, que les sacrifices de la Grèce ne sont pas terminés, que l’Europe est très fragilisée par les égoïsmes nationaux. Pour en finir, il nous faut plus d’Europe.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9428