Exercer seul en 2019, c’est toujours possible, selon vous

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Publié le 22/06/2019
La coordination interprofessionnelle et les délégations sont encouragées par les pouvoirs publics, mais l’exercice en solo n’est pas mort pour autant, si l’on en croit les résultats de notre enquête. Plus de la moitié des 1 102 médecins qui ont répondu sur legeneraliste.fr estiment qu’il est encore possible de travailler seul en 2019.
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), arrivée des assistants médicaux, encouragement de l’exercice coordonné dans les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé)… Les réformes actuelles de santé sonneront-elles la fin de l’exercice isolé ? Si le gouvernement souhaite faire de l’exercice de groupe la norme d’ici à la fin du quinquennat, les médecins de famille interrogés entre le 15 mars et le 5 juin sur legeneraliste.fr ne croient pas à un modèle unique. Parmi les 1 102 répondants à cette enquête en ligne, plus de la moitié (58 %) ont répondu qu’il était encore possible de travailler seul. 23 % considèrent toutefois qu’il n’est plus envisageable d’exercer de manière individuelle. Les 19 % restants pensent que la question est plus compliquée que cela.

Seul mais pas isolé

Pour les médecins interrogés, exercer seul ne veut pas forcément dire être isolé. Le Dr Yves G., en solo depuis 40 ans, en témoigne : « Seul est un bien grand mot quand on s’est constitué un réseau de confiance de spécialistes et de paramédicaux. Ajoutons à cela la présence permanente au cabinet d’un ou deux internes et vous n’avez pas le sentiment d’être seul. » La généraliste Julie V.D.B. abonde en ce sens : « Avec un groupe de pairs pour les échanges de pratique, un groupe Balint et une psychothérapie, on n’est pas vraiment seul », affirme-t-elle avec une pointe d’humour.
À l’inverse, faire partie d’une structure de groupe ne signifie pas forcément échanger avec ses associés. « J’ai travaillé 15 ans seul puis je me suis associé avec trois confrères en SCM. Ça n’a rien changé à ma façon de pratiquer de manière très “personnelle”. Je ne l’ai fait que pour le partage des frais, de personnel en particulier. C’est ma façon de travailler », affirme le Dr Dominique B.

« Fier » d’avoir son propre cabinet

Certains mettent en garde sur les inconvénients des politiques de mutualisation de l’exercice. Le Dr Thierry D. assure que « ces structures sont plus lourdes et coûtent plus cher à la collectivité ». Il met également en avant la « vraie fierté d’avoir son cabinet et de gérer seul celui-ci, de pouvoir s’équiper quand on veut de ce que l’on désire, de gérer ses congés et son personnel seul. Il est agréable d’avoir le choix seul ou en groupe », estime-t-il. Le Dr Jean-Michel R. a toujours travaillé avec des associés – ceux avec qui il a créé sa maison de santé, puis deux autres confrères arrivés après des départs en retraite. S’il compare sa première expérience à « une vie de couple avec quelques fâcheries vite oubliées », sa deuxième association ne s’est pas bien passée. « Conclusion : l’association pour travailler en groupe peut être la meilleure ou la pire des choses. Je comprends donc tout à fait mes confrères exerçant seuls, même si je persiste à croire que pour mon compte personnel, l’exercice en association reste préférable », analyse-t-il.

Pour le Dr Marie G, il faut avant tout laisser le choix au médecin libéral de son exercice. « Je crois que tous les modes d’exercice peuvent s’envisager à condition qu’ils soient réfléchis et pour cela, il faut s’entendre, se faire confiance et surtout se connaître. Sinon, on ne fait confiance qu’à soi-même, mais aujourd’hui ça me paraît un peu dépassé, tant la médecine a évolué », conclut la généraliste.


Source : lequotidiendumedecin.fr