David Cameron a projeté sur l'Union les difficultés qu'il rencontre à cause de l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE, qui soulève chez les nombreux eurosceptiques britanniques, adeptes de la loi du marché, une forme d'intolérance à l'égard des règlements européens dont on sait qu'ils sont nombreux et contraignants. Il a lancé une offensive diplomatique qui lui a permis d'obtenir quelques résultats, en vertu desquels la souveraineté britannique fait moins de concessions à l'Union que les autres pays membres. L'enjeu est à la fois grave et simple : une Grande-Bretagne qui sortirait de l'UE serait forcément tentée par un rapprochement avec les États-Unis, mais elle perdrait aussi beaucoup d'avantages économiques puisque c'est avec le continent européen qu'elle fait le plus gros de ses affaires.
Pour l'Europe, dont les règles sont souvent contestées, notamment par ses nouveaux adhérents de l'Est qui veulent à tout prix échapper à l'immigration sauvage provoquée par les guerres du Proche-Orient, le départ des Britanniques risque de provoquer une crise identitaire liée à un malentendu entre les pays fondateurs de l'Union et les nouveaux membres, qui souhaitent obtenir de leur adhésion tous les avantages et aucun inconvénient. C'est, de leur part, une très égoïste manière de concevoir l'UE. Dans le cas du Royaume-Uni, la crise avec les autres États membres aura été permanente depuis près d'un demi-siècle. Les Anglais, en effet, ont toujours voulu supprimer des dispositions européennes qui n'adhéraient pas à leur conception du libre-échange et de la libre entreprise. On se souvient du cri de colère de Margaret Thatcher, totalement hostile aux contributions financières de son pays à l'Union, notamment sur le plan agricole : « I want my money back ! ».
Cameron craint pour son avenir
Depuis que la Grande-Bretagne a adhéré au traité européen au début des années soixante-dix, il y a toujours un camp anglais hostile à l'intégration européenne, favorable à « l'appel du grand large » (les États-Unis) et méprisant à l'égard de la bureaucratie de Bruxelles qui, il est vrai, sait compliquer ce qui est simple. Ce sont les gouvernements travaillistes qui ont le plus œuvré à l'intégration du Royaume-Uni dans l'Union et les gouvernements conservateurs qui se sont le plus méfiés de la part d'internationalisme que comprend le projet européen. Nous y sommes. M. Cameron se garde bien de participer à l'hystérie anti-européenne de certains partis et d'une certaine presse britannique à grand tirage, mais il craint que ne grossissent les rangs des eurosceptiques britanniques au point de faire tomber son gouvernement. Comme d'habitude, un gouvernement cherche une réponse internationale à une question de politique intérieure.
Les Européens n'ont pas d'autre choix que de jouer au jeu de la politique de l'abime que pratique M. Cameron. Ils doivent le mettre au défi de prendre le risque d'une rupture qui serait plus dommageable à la Grande-Bretagne qu'aux 27 autres pays qui composent l'UE. C'est aujourd'hui que les négociateurs se retrouvent à Bruxelles et, jusqu'à présent, les concessions obtenues par le Premier ministre britannique ne semblent pas lui suffire. Or il a beaucoup à perdre. Si la Grande-Bretagne quittait l'UE, la grande place financière européenne ne serait plus Londres, mais une autre capitale, Paris par exemple. Les partenaires du gouvernement britannique disposent donc de quelques moyens de pression convaincants et David Cameron ne peut pas transformer l'Union à sa guise parce qu'il ne trouve plus d'argument contre les eurosceptiques.
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