HPV : l'importance du dépistage organisé

Publié le 22/03/2018
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Je vous écris à propos de l'article publié par David Bilhaut ("Vaccination HPV : la France prend un retard phénoménal") dans le numéro 9645 du « Quotidien du Médecin ». J'approuve pleinement le vibrant plaidoyer de mon ami le Professeur Philippe Descamps pour qu'une campagne de vaccination soit faite en France où moins de 20 % des jeunes filles sont vaccinées, chiffre très faible par rapport à d'autres pays. Il eût souhaité qu'Agnès Buzin, Ministre de la Santé, l'ait fait inscrire parmi les vaccinations obligatoires. Deux remarques : Comment réagir en l'absence de vaccination, refus d'inscription au collège ou au lycée ? Le cancer du col n'est pas une maladie épidémique comme les autres soumises à vaccination obligatoire.

Mais tel n'est pas l'essentiel de mon propos. Je regrette profondément qu'il ne soit pas fait mention de l'importance d'un dépistage organisé tel qu'il a été recommandé depuis plusieurs années par l'INCA et la HAS. Je sais parfaitement que les deux démarches ne sont pas concurrentielles et que les frottis cervicaux ne dépisteront pas les cancers du canal anal ou de l'oropharynx. Mais un petit nombre de dysplasies sévères ou de cancers du col échappent aux recherches virales.

Ce qui est bien plus important en termes de santé publique c'est de protéger la part la plus importante possible de la population. L'extension du pourcentage de jeunes filles vaccinées n'est pas près d'augmenter rapidement. Or il y a plus de 30 ans qu'il a été démontré que l'absence de frottis de dépistage est la première cause de cancer du col. L'efficacité d'un dépistage organisé a été démontrée dans plusieurs études pilotes dont une des plus remarquables a été effectuée en Alsace.

Je me suis battu pendant des années pour qu'un dépistage organisé du cancer du col utérin soit mis en place ; maintenant qu'il va enfin l'être ne cessons pas d'en parler autant que de la vaccination. J'espère sincèrement que mes collègues plus jeunes n'auront pas à subir l'exaspération que j'ai connue devant la lenteur de la mise en place d'un dépistage organisé par frottis.

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Pr Gérard Lévy Ancien Président du Collège des Gynécologues et Obstétriciens Français ( CNGOF), Président de la commission d'éthique du CNGOF, Doyen honoraire de la Faculté de Médecine de Caen.

Source : Le Quotidien du médecin: 9650