Contexte
Dans le cadre de l’amélioration du lien ville-hôpital a été mise en place une collaboration entre l’équipe pharmaceutique en charge de l’unité d’hospitalisation de courte durée du service des urgences (UHCD) et les pharmacies d’officine par l’intermédiaire du Réseau d’enseignement et d’innovation en pharmacie d’officine (Reipo). Cécile Bérard, pharmacienne en charge de l'étude explique : « Souvent à l'entrée de l'UHCD, les personnes âgées ont du mal à répondre à nos questions. C'est bien utile d'avoir un externe en pharmacie pour appeler les officines et faire le point sur le traitement du patient. Avec cette forte patientèle de personnes âgées au sein de ce service, nous avons proposé que les patients repérés comme éligibles au bilan partagé de médication (BPM) continuent d'être suivis après leur retour à domicile. » Dans cette optique, l'externe appelle les pharmaciens d’officine et les informe de l’éligibilité de ces patients au bilan de médication. De plus, il peut leur proposer d’être accompagnés par un membre du Reipo pour une première expérience de BPM.
Objectifs
L'étude dont la période d'inclusion a été fixée du 14 septembre 2018 au 4 janvier 2019, a permis d'évaluer l’impact d’un nouveau circuit d’information intra-hospitalier ayant pour objet de décloisonner l’interface ville-hôpital chez les patients à risque iatrogène. Pour être admis dans l'étude, les patients doivent répondre aux critères d’éligibilités du BPM [être âgés de 65 ans et plus en ALD ou 75 ans et plus, polymédiqués avec au moins 5 principes actifs au long cours] et être revenus à leur domicile. Commentaire de Soraya Qassemi en charge du Reipo : « Habituellement, les pharmaciens hospitaliers contactent les pharmaciens d’officine lors de la conciliation médicamenteuse d’entrée pour recueillir des informations et non pour en transmettre. » Dorénavant, grâce au repérage effectué par l’externe de l’UHCD, le Reipo propose d’aider les pharmaciens d’officine à la réalisation d'un BPM à distance de l’épisode aigu. Un pharmacien hospitalier dédié à cet accompagnement peut se déplacer à l'officine pour assurer une formation à l’analyse pharmaceutique approfondie. L'objectif est d'optimiser les ordonnances de ces patients à fort risque d'iatrogénie médicamenteuse en concertation avec le médecin traitant, qui reste le coordonnateur de la prise en charge.
Résultats
55 patients dont 33 % d'hommes et avec une moyenne d'âge de 81 ans, ont été inclus dans l'étude. 90 % des patients présentaient au moins un critère de fragilité (50/55), et 2 patients étaient dépendants. En moyenne, chaque patient prenait 10 médicaments au long cours (mini 5 ; maxi 22). 21 patients ont été réhospitalisés au moins une fois (40 %) après l’inclusion. Concernant les pharmaciens d'officine, 51 ont été contactés. Au premier appel, 84 % des pharmaciens ont déclaré être intéressés pour réaliser un BPM (43/51), et 59 % pour participer au tutorat proposé par le Reipo (30/51). À 4 mois du début des inclusions, 9,8 % des pharmaciens (n=5) s’étaient inscrits au programme de tutorat.
Conclusion
Optimiser les traitements médicamenteux chez les patients âgés est un objectif qui touche aussi bien les hospitaliers que les acteurs du soin primaire. En effet, depuis janvier 2018, les BPM sont proposés par les pharmaciens d’officine. Concernant l'étude, elle ne court que sur une courte période (5 mois) il est nécessaire de confirmer les données à plus long terme. Le nombre de patients réhospitalisés (40 %) montre que ce sont des patients à risque sur lesquels il faut continuer à travailler.
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