Traitement hormonal substitutif de la ménopause

Il est urgent de renouer avec le bon sens

Publié le 08/11/2010
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DIFFICILE pour une femme sans formation scientifique de se faire une idée claire de l’impact du traitement hormonal de la ménopause sur le risque de cancer du sein. Pas évident non plus pour les médecins qui n’en ont pas fait un de leur sujet d’intérêt. Depuis les articles alarmants de 2002-2003, les médias grand public n’ont jamais clairement réhabilité le THS et ce, malgré les résultats positifs des études postérieures ; les associations féministes ont souvent été ambivalentes, les autorités sanitaires longtemps embarrassées. De fait, le doute et de fortes résistances, pas toujours justifiées, demeurent. Plus de huit ans après ce qu’Anne de Kervasdoué qualifie de tsunami médiatique, « des médecins continuent de refuser de prescrire un traitement hormonal à leurs patientes, des femmes se privent de leur propre volonté ou sous l’influence de leurs proches, des bienfaits de ce traitement ». D’où l’idée, maintenant que l’on dispose d’un recul suffisant, de leur donner les moyens de se forger, le plus sereinement possible, leur propre opinion.

Décision adaptée à chacune.

L’auteur analyse les racines de la peur des femmes, de la difficulté à interpréter des statistiques alarmantes à la vulnérabilité de cette période de la ménopause en passant par la distillation du doute dans une atmosphère générale d’angoisse environnementale. Elle évoque aussi leur culpabilité et les ambivalences de leurs attentes, les difficultés de cette période de la vie qu’est la ménopause. Après avoir replacé les chiffres du cancer dans leur contexte, les avoir comparés aux autres données de mortalité (dans notre pays aujourd’hui, une femme sur 25 mourra d’un cancer du sein tandis qu’une sur 3 va décéder d’un accident cardiovasculaire), avoir expliqué avec clarté les différences entre les traitements hormonaux, les particularités du THS à la française, l’auteur expose les arguments d’une prise de décision adaptée à chacune. Pourquoi prendre ou ne pas prendre un THS ? Que faut-il en attendre et ne pas en attendre ? Quelles sont les alternatives ? La cinquantaine étant la période optimale de la prévention du vieillissement, Anne de Kervasdoué en expose les principaux moyens, le THS, qui, en l’absence de contre-indication, présente plus d’avantages que d’inconvénients, mais aussi l’exercice physique, l’alimentation, les activités cérébrales.

Cette longue polémique à propos du THS a permis de réévoquer publiquement les difficultés de la ménopause, d’obliger médecins et patientes à repenser leurs préjugés, leurs habitudes et leurs croyances. La décision thérapeutique et son observance étant là, encore plus qu’ailleurs, affaire de confiance et de dialogue.

Dr Anne de Kervasdoué, « Au bonheur des femmes - La vérité sur les hormones », Odile Jacob, 302 pages, 21,90 euros

Dr CAROLINE MARTINEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8852