L'ASSOCIATION entre facteurs environnementaux, nutritionnels en particulier, et facteurs génétiques est déjà largement documentée chez les patients atteints de maladie d'Alzheimer. Une étude suédoise publiée dans le numéro d'avril de « Neuropsychology » s'intéresse spécifiquement à des sujets âgés exempts de toute pathologie neuropsychiatrique.
Dans le cadre d'une vaste cohorte destinée à une étude multidisciplinaire médicale et sociale, 167 sujets âgés de plus de 75 ans (moyenne d'âge : 82,8 ans dont 80 % de femmes), indemnes de démence ou de dépression, ont été soumis à différents tests cognitifs. Des mesures de vitamine B12 et d'acide folique sérique ont été réalisées, ainsi qu'un génotypage de l'apoprotéine E (Apoe) impliquée dans le transport des lipides sanguins ; la présence de l'allèle E4 étant considérée comme un facteur de risque élevé de démence.
Un taux sérique faible de vitamine B12 (<250 pmole/l) était détecté chez 28 sujets parmi les 49 présentant l'allèle E4 et chez 54 sujets parmi les 118 ne présentant pas l'allèle E4.
L'association au génotype Apoe4.
L'analyse montre que l'association d'une carence en vit B12 au génotype Apoe4 diminue les performances lors de tests cognitifs sollicitant un effort important. L'installation d'une démence étant précédée d'une période pré-clinique relativement longue, les auteurs ont répété l'analyse trois et six ans plus tard, en excluant les sujets devenus déments. Ils ont confirmé leurs conclusions initiales. Les pathologies cardio- et cérébro-vasculaires diagnostiquées dans les cinq ans précédant l'étude n'ont pas modifié ces résultats malgré leur incidence potentielle sur les performances intellectuelles du sujet âgé.
L'influence d'une carence en folate n'était pas significative dans cette étude : le nombre de patients ayant des taux bas d'acide folique (<12nmol/l) était probablement trop faible (15 chez les sujets Apoe4 et 30 chez les non-Apoe4).
Il est possible qu'un déficit en vitamine B12 agisse directement sur les fonctions neurocognitives par inhibition du métabolisme des neurotransmetteurs. Une hypothèse alternative proposée par les auteurs serait une action indirecte, la carence en vitamine B12 favorisant des taux élevés d'homocystéine considérés comme délétères. Les taux d'homocystéine n'ont pas été mesurés dans l'étude.
Ces données confirment la notion d'une vulnérabilité cérébrale chez le sujet âgé par épuisement progressif des réserves neuro-anatomiques cérébrales, liée à des prédispositions génétiques et favorisée par des facteurs associés.
D. Brunce et coll. « Neuropsychology », avril 2004, édition en ligne.
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