Sevrage tabagique

La cigarette électronique plus efficace que les substituts nicotiniques, selon le NEJM

Publié le 02/02/2019
cigarette électronique

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Si de nombreuses personnes se tournent d’elles-mêmes vers la cigarette électronique pour arrêter de fumer, certains professionnels de santé hésitent encore à recommander l’usage du vapotage dans cette optique, faute de données scientifiques validées. La donne pourrait changer avec cette étude du NEJM selon laquelle la cigarette électronique serait presque deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques pour arrêter de fumer.

Cet essai a inclus 886 candidats au sevrage. Ceux-ci ont été randomisés pour recevoir soit des substituts nicotiniques fournis pour 3 mois, sous la forme de leur choix, soit un « pack de démarrage » de vapotage associant une e-cigarette rechargeable et un flacon de liquide à 18 mg/ml nicotine, à renouveler ensuite avec le liquide de son choix.

Tous ont bénéficié en parallèle d’un soutien comportemental hebdomadaire pendant au moins quatre semaines.

Deux fois plus d'abstinents à un an

Un an après le début de l’étude, le taux d’abstinence (validé par dosage du monoxyde de carbone expiré) était presque 2 fois plus élevé dans le groupe cigarette électronique (18 %) que dans le bras substituts (9.9 %). Les auteurs rapportent aussi une baisse plus importante de l'incidence de la toux et de la production de mucosités avec la cigarette électronique, sans différence entre les deux groupes en termes de dyspnée ou de sifflements respiratoires. Des irritations de la gorge et de la bouche ont été signalées plus souvent dans le groupe cigarettes électroniques (65,3 % vs 51,2 %), à l’inverse des nausées, plus fréquentes avec les substituts nicotiniques (37,9 %, contre 31,3 %).

Cet essai randomisé apporte donc de sérieux arguments en faveur de l’efficacité de la cigarette électronique comme aide à l’arrêt du tabac.

« Cette efficacité doit cependant être mise en balance avec la sécurité à court et à long terme des cigarettes électroniques », tempèrent B. Borrelli et al. dans un éditorial qui accompagne l’article.

Cette question est d’autant plus importante que l’étude du NEJM montre bien que les fumeurs qui arrêtent grâce à la cigarette électronique ont tendance à poursuivre l’usage de celle-ci relativement longtemps après le sevrage (encore 80 % d’adeptes à un an) alors que les utilisateurs de substitut nicotiniques sevrés tendent à les abandonner assez vite (seulement 9 % continuent d’y avoir recours à un an).

Autre bémol : cette étude concernait des cigarettes électroniques dites « de seconde génération » et « ses résultats ne peuvent être extrapolés à toutes les cigarettes électroniques » soulignent les auteurs. De même, « les conclusions sont probablement valables pour les fumeurs dépendants qui cherchent de l'aide mais ne peuvent pas être généralisées pour les fumeurs moins dépendants ou ceux qui essaient la cigarette électronique pour d’autres raisons que le sevrage ».

A noter enfin que l’utilisation de la e-cigarette comme celle des substituts n’était pas isolée dans cette étude mais accompagnée d’un soutien comportemental.

 

 

 

 

 

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr