La dépression reste une pathologie lourdement invalidante en termes de santé publique en France. En effet, sa prévalence ne cesse d’augmenter dans la population française depuis 2010. C’est ce que relève un numéro du BEH en partie consacré à cette pathologie.
Une étude du baromètre santé 2 017 (Christophe Léon et col, Santé publique France) constate ainsi que la prévalence de la dépression, après une période de stabilité de 2005 à 2010, est en croissance de 1, 8 % sur la période 2010-2017. Et ce, particulièrement chez les femmes (+ 3 %), les personnes de moins de 45 ans (+4 %), les chômeurs (+5 %) et les individus déclarant des revenus faibles (+3 %).
Pour cette enquête, le Baromètre santé 2 017 a interrogé 25 319 personnes âgées de 18 à 75 ans par collecte assistée par téléphone et informatique, selon un sondage aléatoire.
Lien entre dépression et revenu
Les résultats ont montré que l’évolution de la prévalence dépressive entre 2005 et 2017 variait selon le sexe, l’âge et la situation sociale.
De fait, si une augmentation globale de 1,8 % est observée sur la période 2010-2017, chez les hommes la prévalence est restée stable entre 2005 et 2017, alors que chez les femmes une augmentation de 2,7 % est observée entre 2010 et 2017. Selon l’âge, la dépression a augmenté globalement de 2,7 % chez les 25-34 ans et de 2,2 % chez les 35-54 ans entre 2005 et 2017. De plus, alors que la prévalence de la dépression est restée stable entre 2005 et 2010, quel que soient les diplômes, les revenus et la situation professionnelle, elle a varié de façon significative selon ces critères entre 2010 et 2017.
Ainsi, les titulaires d’un diplôme inférieur au bac présentaient en 2017 une augmentation de la prévalence de la dépression de 1,9 % par rapport à 2005 ; ceux d’un bac ou équivalent de 2,3 % et ceux d’un diplôme supérieur de 1,5 %. De plus, la dépression a augmenté de plus de 5 % chez les chômeurs sur 2010-2017, et de 4 % chez les étudiants entre 205 et 2 017 Enfin, pour la première fois, une association entre la dépression et le revenu a été mise en évidence par le baromètre santé 2 017. Enfin, les personnes déclarant les plus faibles revenus restaient ainsi les plus exposées avec une augmentation de plus de 3 % entre 2010 et 2017.
Investir sur les populations vulnérables
Cette augmentation de la dépression dans les catégories sociales basses confirme les résultats d’une étude allemande de 2018 qui concluait à une augmentation plus marquée de la prévalence des maladies chroniques (dont la dépression) entre 2003 et 2012 dans les catégories socio-professionnelles à faible revenu, en rapport avec un accroissement des inégalités sociales de santé. Une étude américaine, publiée la même année, avait fait un constat identique entre 2005 et 2015.
Les interprétations, soulignent les auteurs, « impliquent un jeu de transitions sociales et économiques complexes sur plusieurs décennies au détriment des catégories socio professionnelles les plus faibles (niveaux de revenu, situation de l’emploi, sentiment d’insécurité, évolution des structures familiales et communautaires). »
Les auteurs insistent sur l’intérêt, dans ce contexte, « d’investir en priorité sur le développement des compétences psychosociales dans l’enfance et l’adolescence et sur la mise en place de dispositifs visant à faciliter le repérage, l’orientation et la prise en charge, notamment psychothérapeutique, des populations les plus vulnérables. »
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