On n’a pas oublié qu’il y a quelque temps, deux Argentins, les Docteurs Lancelotti et Jauregui, firent une communication à l’Académie de Médecine dans laquelle ils vantaient les bons effets du sérum de lama dans la syphilis. À les en croire, le sérum de lama était souverain dans cette maladie, qu’il guérissait radicalement en huit ou quinze jours, alors même que les médicaments les plus actifs avaient échoué.
Revenus à Buenos Aires, les auteurs de cette communication firent un bruit énorme autour de leur découverte, faisant passer d’immenses articles dans la presse politique où se trouvaient, entre autres, reproduite les photographies d’un troupeau de cent lamas, destinés à fournir le nouveau sérum curateur.
Plus sceptiques que notre Académie, les Sociétés Médicales argentines cherchèrent en vain longtemps à contrôler les résultats obtenus par les Docteurs Lancelotti et Jauregui. Ceux-ci, sous la pression de leurs confrères, finirent par se décider à admettre le Docteur Chabroux à vérifier leurs expériences.
Le premier rapport de ce dernier sur le sérum de lama vient de paraître dans la « Semana Medica » et, hélas, il est loin d’être enthousiaste. Le sérum des lamas syphilitiques qui devait, soi-disant, présenter une réaction de Wasserman négative en avait, au contraire, une positive. Ses effets, chez les malades en traitement, furent nuls ou si fugaces que des récidives furent constatées au cours même des séries de piqûres, et malgré l’emploi d’une dose habituelle ; jamais, en tout cas, il ne fut possible, par ce moyen, de négativer la réaction de Wasserman des patients. Ceux-ci, au contraire, furent rapidement blanchis par le traitement classique au néotréparsénan, et leur Wasserman devint négatif sous l’influence de ce dernier médicament.
(« La Clinique », février 1927)
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