LA CHIRURGIE représente encore la seule option thérapeutique du cancer du pancréas. Malheureusement, seule une faible proportion de patients peut en profiter, à cause de l’agressivité de la tumeur et de son silence symptomatologique.
Après la chirurgie, le pronostic demeure très sévère, en raison du potentiel de rechute élevé des cancers pancréatiques. La survie à cinq ans des patients après résection n’est que de 23,4 % (National Cancer Database). Comment améliorer la survie à long terme en complément de la chirurgie ? Des essais à la recherche d’un traitement adjuvant se poursuivent. Le choix d’Helmut Oettle et coll. s’est porté sur la gemcitabine, qui a démontré une certaine activité dans différents cancers solides récalcitrants, et notamment dans celui du pancréas.
La gemcitabine présente un profil d’activité plutôt favorable, avec une incidence réduite d’effets toxiques de grades 3 et 4.
Etude multicentrique, randomisée, contrôlée.
En 1997, une étude de phase III a montré une amélioration significative sous gemcitabine comparativement au fluoro-uracile, à la fois en termes de survie et de bénéfices cliniques, dans des cancers du pancréas avancés. C’est la même année qu’a commencé l’étude CONKO-001 (Charity Onkologie), étude multicentrique, randomisée, contrôlée, pour comparer la gemcitabine adjuvante à une absence de traitement postopératoire, chez des patients ayant eu une résection complète du cancer.
Les patients ont reçu la chimiothérapie adjuvante à l’aide de six cycles de gemcitabine aux jours 1, 8 et 15, puis toutes les quatre semaines (n = 179), ou ont été suivis sans traitement (n = 175).
Au cours du suivi moyen de 53 mois, 133 patients du groupe gemcitabine (74 %) et 161 patients du groupe témoin (92 %) ont rechuté.
Médiane sans maladie : 13,4 mois, contre 6,9.
La médiane de survie sans maladie est de 13,4 mois dans le groupe gemcitabine et de 6,9 mois dans le groupe des témoins (p < 0,001).
Les estimations de survie sans maladie à trois et cinq ans donnent des chiffres de 23,5 et 16,5 % dans le groupe gemcitabine, comparativement à 7,5 et 5,5 % dans le groupe témoin.
On ne constate pas de différence concernant la survie totale entre les deux groupes : les durées médianes de survie sont respectivement de 22,1 mois dans le groupe gemcitabine et de 21,2 mois dans l’autre groupe. Il existe donc seulement une faible différence dans les médianes de survie totale. Mais quasiment tous les patients du groupe contrôle qui ont rechuté ont reçu de la gemcitabine ou un autre traitement. On ne peut donc pas en tirer de conclusions concernant l’effet du produit testé.
«Les résultats de CONKO-001 indiquent qu’une chimiothérapie adjuvante utilisant la gemcitabine aux doses et dans le schéma utilisés a une toxicité minimale, ne compromet pas la qualité de vie et offre une bonne –peut-être actuellement la meilleure– chance de prolongation de survie sans maladie, chez des patients qui ont eu une résection d’un cancer pancréatique»: c’est ainsi qu’Helmut Oettle et le groupe qui a mené l’étude CONKO-001 résument leurs résultats.
« Jama », 16 janvier 2007, pp. 267-277.
Une tumeur silencieuse et agressive
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