Insomnie primaire

La mélatonine LP (Circadin), une alternative sous-utilisée

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Publié le 19/01/2017
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Le Pr B. Claustrat (Hôpital neuro-cardiologique, Lyon) a rappelé que la mélatonine, découverte par Lerner en 1958 est synthétisée par plusieurs structures mais que seule la synthèse épiphysaire contribue aux concentrations sanguines de mélatonine.

L'étude des effets physiologiques de cette hormone chez l'homme se heurte à de nombreux obstacles (distribution ubiquitaire des récepteurs, absence d'antagonistes spécifiques aux différents types de récepteurs, absence de rétrocontrôle de la mélatonine sur son système de régulation…). Toutefois, on sait aujourd'hui que la mélatonine est un synchroniseur endogène pour l'ensemble des rythmes circadiens, sous le contrôle de l'alternance lumière/obscurité. En particulier, la mélatonine amplifie la baisse de température centrale, ce qui favorise le sommeil et son maintien. La prise de mélatonine en fin d'après-midi provoque chez le volontaire sain une somnolence objectivée par l'EEG. Pourtant, les méta-analyses réalisées dans l'insomnie chronique ont tout d'abord été décevantes, en raison de l'hétérogénéité des troubles du sommeil et surtout parce qu'on utilisait des préparations à libération immédiate. Or, la demi-vie de la mélatonine est très courte, ce qui a conduit au développement d'une forme à libération prolongée (L.P.), Circadin.

Des critères du DSM-V

Le Dr Luc Staner (CH de Rouffach) a précisé la place de la mélatonine LP dans le traitement de l'insomnie primaire dont les critères sont explicités par le DSM-V (difficulté d'initiation ou de maintien du sommeil ou réveil matinal précoce, à l'origine d'une souffrance significative ou d'une altération du fonctionnement, au moins 3 nuits par semaine, depuis au moins trois mois, en dépit de la possibilité adéquate de sommeil, non expliquée par un autre trouble du sommeil, non liée aux effets d'une substance, non expliquée par des troubles mentaux ou des conditions médicales). On estime qu'elle touche 6 à 8 % de la population. Si les hypnotiques à action GABA-A (benzodiazépines, zolpidem, zopiclone) sont les plus utilisées, l'index thérapeutique de ces molécules a été remis en question, au cours des dernières années (risque d'accoutumance, de chutes, de somnolence résiduelle et altération de la mémoire.

La mélatonine LP, (Circadin) proposée récemment dans le traitement de l'insomnie primaire, ne présente pas ce type d'inconvénients. Des études prolongées 6 ou 12 mois ont confirmé cette bonne tolérance, en particulier l'absence de sevrage et d'insomnie rebond à l'arrêt du traitement. En ce qui concerne l'efficacité, les essais cliniques contre placebo ont montré que la mélatonine-LP (2 mg) améliore significativement la qualité du sommeil et la vigilance au réveil. Une efficacité d'autant plus importante que les troubles du sommeil initiaux étaient sévères. Des données confortées par les études polysomnographiques qui montrent une diminution significative de la latence d'endormissement, sans impact sur l'architecture du sommeil. Ainsi conclut le Dr Luc Staner, « ces données plaident en faveur de l'utilisation de la mélatonine-LP (Circadin) en première intention dans le traitement pharmacologique de l'insomnie du sujet âgé ».

(1) Symposium organisé par Biocodex dans le cadre du 8ème Congrès Français de Psychiatrie à Montpellier

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du médecin: 9548