Avec l’hormone A-M et le compte des follicules

La ménopause de la mère prédit la fertilité des filles

Publié le 07/11/2012
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LA RÉSERVE OVARIENNE pourrait être évaluée à l’aide de l’âge maternel à la ménopause, selon une étude danoise chez 527 femmes âgées entre 20 et 40 ans. L’équipe dirigée par le Dr Jeanne Bentzen du Rigshospitalet (Copenhague) montre en effet que deux marqueurs couramment utilisés pour évaluer la réserve ovarienne, l’hormone anti-müllerienne (AMH) et le compte des follicules antraux (CFA), baissent plus rapidement chez les femmes dont les mères ont été ménopausées jeunes, avant 45 ans, par rapport à celles dont les mères l’ont été plus tardivement, après 55 ans. Si l’étude ne permet pas de dire pas que l’âge maternel à la ménopause est un marqueur direct de la fertilité dans la descendance, « en association avec l’AMH, le CFA et l’âge biologique, ce marqueur permet de se faire une idée plus complète de la situation ».

Un intervalle de vingt ans

Pour le Dr Jeanne Bentzen: «Nos résultats vont dans le sens d’une influence de facteurs héréditaires sur la réserve ovarienne. (...) La preuve ne pourra en être faite qu’avec des études longitudinales suivant les femmes (...) jusqu’à la ménopause ». Des études avaient suggéré précédemment qu’il s’écoulait environ vingt ans entre l’amorce du déclin de la fertilité et la ménopause installée. Une femme ménopausée à l’âge de 45 ans commencera ainsi à voir sa fertilité baisser dès l’âge de 25 ans. « En nous fiant à cet intervalle supposé de vingt ans, nous avons émis l’hypothèse que des facteurs maternels influencent le potentiel de fertilité en terme de réserve ovarienne », commente la chercheuse danoise.

Après ajustement sur le tabagisme, la contraception, l’âge et l’indice de masse corporelle (IMC), les chercheurs ont constaté que l’AMH baissait de 8,6 %, 6,8 % et 4,2 % par an selon que les mères étaient respectivement âgées à la ménopause de ‹ 45 ans, 46-54 ans et› 55 ans. Une tendance comparable s’est dessinée pour le CFA avec un déclin de 5,8 %, 4,7 % et 3,2 % respectivement dans les mêmes groupes. Curieusement, l’étude montre également que le taux d’AMH et le CFA étaient singificativement plus bas, respectivement de 27,3 % et 26,3 %, chez les femmes sous contraception orale par rapport aux autres. Mais pour le Dr Bentzen, ces résultats ne doivent pas affoler, puisque cet effet a tout l’air d’être transitoire et dépourvu d’effet sur le déclin à long terme des follicules ovariens. Et d’ajouter, « il est nécessaire de préciser l’effet dose-réponse de la contraception hormonale sur les marqueurs de la réserve ovarienne ».

Human Reproduction, publié en ligne le 7 novembre 2012.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9185