Biologie médicale

La profession en quête d'un nouveau souffle

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Publié le 03/12/2018
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L'heure n'est pas à la fête pour la biologie médicale. À l'occasion de son colloque annuel à Paris, la spécialité a montré un visage préoccupé mais aussi sa volonté de rebondir.

La financiarisation du secteur reste une menace très présente. Au gré des fusions/acquisitions, les groupes de laboratoires se réduisent comme peau de chagrin et les prix grimpent de façon vertigineuse. « Il faut faire cesser cette financiarisation qui pousse à une biologie industrielle et non plus médicale », résume le Pr Jean-Louis Beaudeux, doyen de la faculté de pharmacie de Paris-Descartes. Tout aussi préoccupante est l'automatisation. Avec la robotisation et surtout l'intelligence artificielle, les biologistes craignent de devoir abandonner toute la partie technique de leur activité.

La perte d'attractivité auprès des jeunes préoccupe également. En 2017, la spécialité est arrivée 42e sur 44 dans le choix des postes à l'internat. Les étudiants boudent la carrière au point que le Dr Jean-Louis Pons, président du conseil national professionnel de biologie médicale, craint le pire : « Nous sommes en possibilité de disparaître ».

Médicalisation et réseau

Pour redonner son lustre à la biologie, plusieurs idées ont été avancées. Puisque le biologiste abandonne ses compétences techniques (aux robots, à l'IA), il faut absolument valoriser son expertise médicale et recentrer la spécialité sur le patient, suggère Bernard Poggi (Ordre des pharmaciens). « Pour cela, il faut développer l'interprofessionnalité ville/hôpital », poursuit-il en déplorant « le gouffre » actuel. Des outils doivent être développés en ce sens. Le dossier médical partagé (DMP) bien sûr, mais aussi la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Selon le Pr Claude Dreux, membre des Académies nationales de médecine et de pharmacie, les CPTS seront une « occasion pour les biologistes de s'insérer dans un réseau de professionnels de santé ».

Parmi les orientations du plan Ma Santé 2022, les financements innovants sont perçus comme une opportunité. « Il faut sortir du paiement à l’acte technique unique pour passer à un financement à l’acte médical », propose Moïse Michel, président de la Fédération nationale des syndicats d'internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM). Pour Gérard Dériot, sénateur de l’Allier, c’est en réorientant le métier vers la prévention que les biologistes pourront tirer leur épingle du jeu. « La prévention apparaît sur toutes les pages de Ma Santé 2022, je dis chiche ! »

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin: 9707