Les premiers Etats Généraux

La rhumatologie de demain

Publié le 04/04/2013
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Crédit photo : S TOUBON

Entretien avec le Dr Bernard Morand (Roanne)*

« CONSTRUISONS ENSEMBLE la rhumatologie de demain ». C’est autour de ce thème résolument tourné vers l’avenir que sont tenus, le 23 mars à Paris, les États Généraux de la Rhumatologie. Une grande première dans l’histoire de la profession. « Les rhumatologues ont l’habitude de se retrouver lors des congrès pour parler de l’actualité médicale et scientifique. Mais nous voulions vraiment réunir la profession sur une journée pour parler exclusivement de l’actualité professionnelle des rhumatologues, qu’ils soient libéraux ou hospitaliers », explique le Dr Bernard Morand, président du Syndicat National des Médecins Rhumatologues (SNMR). Ces États Généraux étaient organisés par le SNMR, en partenariat avec l’Association des Rhumatologues en Formation (ARF), le Collège Français des Médecins Rhumatologues (CFMR) et la Société Française de Rhumatologie (SFR).

L’objectif était d’abord de faire un état des lieux de la rhumatologie en France mais aussi de se projeter vers l’avenir en s’intéressant aux jeunes rhumatologues et à ceux en fin de carrière. « À l’attention de nos jeunes confrères, nous avions prévu un atelier sur l’installation en libéral et son financement ainsi que sur le suivi des carrières hospitalières. L’atelier sur les retraites visait lui aussi à aborder des questions très concrètes : combien allez-vous toucher à votre retraite ? Comment améliorer sa retraite ? Quel cumul emploi-retraite ? », explique le Dr Morand.

La question importante de la responsabilité civile professionnelle a aussi été abordée, là encore à partir d’un exemple très concret : quelle conduite tenir en cas de plainte d’un patient pour un problème d’arthrite septique ? «  Nous avons une spécialité médicotechnique. Environ 50 % de nos actes sont des actes techniques. Et nous sommes très sensibilisés à cette question de la responsabilité professionnelle, notamment via les infiltrations au niveau de la colonne vertébrale. La sinistralité dans ce domaine reste très réduite mais certaines plaintes peuvent aboutir à des indemnisations importantes. Même si cela n’est pas comparable avec ce qu’on observe pour nos collègues chirurgiens ou gynécologues-obstétriciens, nos primes d’assurance ont été revues à la hausse de manière notable. Par exemple, en ce qui me concerne, j’ai vu augmenter ma prime d’environ 80 % », indique le Dr Morand, en précisant qu’un autre atelier était consacré aux fiches d’information sur les gestes en rhumatologie à remettre en patients. « Nous avons aussi souhaité faire un éclairage sur la couverture sociale des rhumatologues. Il apparaît que certains confrères ne sont pas bien assurés, ce qui peut s’avérer très ennuyeux en cas d’interruption d’activité notamment pour une raison médicale », indique le président du SNMR.

Un état des lieux a aussi été fait sur le Développement professionnel continu (DPC), ce dispositif qui vise à réunir dans une même démarche la formation médicale continue (FMC) et l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP). « Enfin, même si cela ne nous concerne pas de façon immédiate, nous avons voulu parler de ce système de paiement à la performance, ce P4P qui suscite beaucoup de commentaires dans le monde médical. Pour l’instant, outre la médecine générale, quatre spécialités sont concernées : la cardiologie, la pédiatrie, l’endocrinologie et la gastro-entérologie. Mais ensuite, le dispositif devrait s’étendre aux autres spécialités dont la nôtre », explique le Dr Morand.

Avec ce système instauré en 2012, en remplacement du CAPI, une partie des revenus des médecins libéraux peut dépendre directement de la réalisation d’objectifs de santé publique et d’efficience avec deux champs d’action : l’organisation du cabinet (informatisation) et la qualité de la pratique : prévention, suivi des pathologies chroniques, prescriptions… Un sondage, publié début mars dans le Quotidien, montrait que 60 % des médecins libéraux étaient hostiles à ce système de paiement à la performance. « Nous comprenons certaines réticences vis-à-vis de ce dispositif qui peut imposer des contraintes et être chronophage. Mais nous estimons aussi que ce P4P peut apporter un complément financier aux médecins et permettre une amélioration de la qualité des pratiques », indique le Dr Morand.

*Président du Syndicat National des Médecins Rhumatologues (SNMR )

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialistes