Photographie d’une spécialité vieillissante qui s’ausculte dans un livre blanc

La rhumatologie voit l’avenir en groupe

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Publié le 02/11/2015
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Le syndicat national (SNMR), le collège (CFMR) et la société française de la rhumatologie (SFR) viennent d’éditer le deuxième livre blanc de leur spécialité. Douze ans après une première édition, cette somme de 300 pages dresse un panorama complet de la profession (effectifs, mode d’exercice, rémunération...).

Les rhumatologues étaient 2 598 au 1er janvier 2014 (contre 2 607 en 2002). Cette stabilité numérique cache un vieillissement des praticiens. L’âge moyen est passé de 47,4 ans en 2002 à 52,8 ans en 2014 (voire de 58 ans chez les rhumatologues libéraux hommes). La profession se féminise sous l’impulsion des nouvelles générations. La demande, elle, ne cesse d’augmenter sous l’effet du vieillissement de la population et de l’explosion des troubles musculosquelettiques.

Pour autant, la perspective des nombreux départs à la retraite, assortie à des difficultés à trouver un remplaçant pour les médecins de ville, ne doit pas alarmer outre mesure, assure le Dr Éric Senbel, président du SNMR. « Grâce à la filiarisation de la spécialité (un DES spécifique est proposé aux candidats des ECN, NDLR), nous nous attendons à une arrivée non négligeable de jeunes médecins d’ici 4 ou 5 ans, qui faute d’ouverture de postes hospitaliers, exerceront en ville », explique le responsable. Les rhumatologues sont installés aujourd’hui à 70 % (soit 1 841) en libéral. 30 % travaillent en salariat (soit 757, dont 635 exclusivement à l’hôpital). Ces proportions sont peu enclines à bouger, selon le Dr Senbel. La moitié de la profession est en secteur I, 39 % pratiquent des honoraires libres et 10 % ont signé le contrat d’accès aux soins. Selon les chiffres de la CARMF, le revenu annuel moyen d’un rhumatologue est de 77 000 euros (tous secteurs). Mais il existe une forte amplitude entre les praticiens libéraux (92 000 euros) et les salariés (62 000), observent les auteurs du livre blanc. Les rhumatologues de ville consacrent 50 heures en moyenne par semaine aux consultations (à raison de 25 minutes chacune). Ils revendiquent une revalorisation spécifique pour les 5 à 10 % de consultations complexes.

Un exercice divers

Les jeunes et les femmes rhumatologues étant attirés par l’exercice regroupé, les petits cabinets de proximité tendent à disparaître. « Dans les villes moyennes, il y aura de plus en plus de regroupements de rhumatologues, ce qui permettra, à côté des consultations, d’avoir une offre technique (radiologie, ostéodensitométrie, échographie...) », explique le Dr Senbel.

Les relations entre la ville et l’hôpital, aujourd’hui succinctes, seront amenées à se développer, notamment grâce aux nouvelles technologies. Les libéraux tiennent à la diversité de l’exercice de la rhumatologie – caractéristique française –, qui traite les pathologies inflammatoires, mais aussi articulaires, osseuses et musculaires. Ils plaident notamment pour l’ouverture de la prescription initiale sur les biothérapies, accessibles à seulement 57 % d’entre eux, en exercice mixte. « Nous avons initié une démarche auprès de l’ANSM », indique le Dr Senbel.

Enfin, à l’hôpital, les rhumatologues défendent la spécificité de leur discipline (centrée sur l’éducation thérapeutique, l’expertise, l’oncologie, les biothérapies, la recherche fondamentale) et s’opposent à la tentation d’une fusion de leur spécialité avec la médecine interne.

Coline Garré

Source : Le Quotidien du Médecin: 9446