Troubles du sommeil postcommotionnels

La supplémentation en acides aminés a de bons résultats chez la souris

Publié le 16/12/2013
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« SELON LES ÉTUDES, entre 35 a 75 % des patients traumatises crâniens souffrent de troubles du sommeil et de l’éveil. Ces troubles, qui font partie du syndrome postcommotionnel et peuvent durer des mois, voire des années, comprennent la somnolence diurne excessive, l’insomnie (difficulté à s’endormir et à maintenir le sommeil), la fragmentation du sommeil et la fatigue », explique au « Quotidien » Miranda Lim, neurologue et spécialiste du sommeil aux États-Unis (Université d’Oregon). « Ces troubles du sommeil perturbent la qualité de vie et peuvent retarder le rétablissement cognitif ».

Or il n’existe à ce jour aucun traitement pour atténuer les séquelles neurocomportementales du trauma crânien.

Lim et coll. ont analysé pour la première fois les cycles veille-sommeil chez des souris ayant subi un traumatisme crânien léger (lésion par perfusion de liquide), et ont découvert qu’elles sont incapables de rester éveillées pendant de longues périodes.

Ils ont examiné les neurones à orexines connus pour favoriser l’éveil (et dont le mauvais fonctionnement est impliqué dans la narcolepsie) et ont montré que leur activité est diminuée durant l’éveil. Ainsi, la lésion cérébrale altère l’excitabilité du réseau à orexines.

Ceci est similaire a des études chez l’homme qui ont montre des taux d’orexines abaisses dans le liquide céphalo-rachidien après TC.

Les chercheurs ont alors traité les souris ayant un TCL avec une supplémentation en acides aminés ramifiés (L-Leucin, L-isoleucine et L-valine), des acides aminés essentiels apportés par les aliments et précurseurs des neurotransmetteurs GABA et glutamate, essentiels pour la communication entre neurones.

Cette supplémentation a amélioré l’éveil chez les souris lésées et restauré l’activité des neurones à orexines.

Un précédent travail de l’équipe avait montre que cette supplémentation restaurait l’excitabilité dans l’hippocampe et améliorait les déficits cognitifs associés chez la souris ayant subi un TCL.

Un essai clinique.

« Ces résultats dans un modèle animal apportent une preuve de principe pour explorer cette intervention diététique en tant que thérapie pour les patients traumatisés crâniens, souligne le Pr Akiva Cohen, chercheur au Children’s Hospital of Philadelphia qui a co-dirige ce travail. Si un supplément diététique pouvait améliorer le sommeil et les cycles d’éveil ainsi que les problèmes cognitifs, il pourrait aider les patients traumatisés cérébraux à regagner des fonctions cruciales ». Il souligne toutefois que les preuves sont insuffisantes pour justifier que les patients s’automédiquent avec des suppléments d’acides aminés sur le marché. « Nous sommes dans les premières phases d’un essai clinique, confie au Quotidien le Dr Lim. Il est très important d’avoir un bon sommeil pour fonctionner normalement tous les jours et pour notre santé globale. Dans le traumatisme crânien, ceci devient encore plus crucial tandis que les patients ont des difficultés à recouvrir la mémoire et la concentration et tentent de retourner au travail ou a l’école. Nous espérons qu’en améliorant le sommeil, nous pourrons par extension améliorer la récupération des fonctions normales. »

Science Translational Medicine, 11 décembre 2013, Lim et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9289