LE DOPAGE génétique est peu connu. Toutefois certains spécialistes estiment que certains athlètes tentent déjà de l’utiliser. La méthode consiste non pas à administrer des substances chimiques, mais à injecter du matériel génétique. Ces fragments d’ADN se propagent rapidement par l’intermédiaire d’un vecteur, virus inoffensif, contribuent à un meilleur fonctionnement des gènes et stimulent la surproduction d’hormones et d’enzymes. Ainsi, l’EPO qui stimule la production de globules rouges, est introduit, depuis longtemps déjà, comme fragment d’ADN. De même, le facteur de croissance VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), facteur impliqué dans le développement des cancers est utilisée pour favoriser la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans le muscle. Il convient aussi de citer la myostatine (« frein musculaire »), appelé également « le gène Schwarzenegger » : Inhiber le gène, qui code pour la myostatine, a pour effet essentiel une croissance « sans fin » des muscles. Pour mieux lutter contre cette forme de dopage génétique, le Pr Patrick Diel (Ecole supérieure des Sports à Cologne) a reçu une commande de la WADA pour développer un test de dépistage concernant les différents inhibiteurs de la myostatine. D’autres méthodes peuvent être imaginées comme de l’hormone de croissance HGH (Human Growth Hormone) et, accessoirement, les facteurs de croissance IGF (Insulin-like Growth Factor) et MGF (Mechano Growth Factor).
Cibler l’ADN transféré.
Un test en cours de validation en Allemagne par l’équipe du Pr Perikles Simon, jeune médecin-chef du département sports à l’université de Mayence, permet désormais de détecter l’ADN étranger injecté à un sportif. Pour le développer, les chercheurs ont utilisé une astuce : quand on transfère de l’ADN étranger, les bouts de ces molécules d’ADN sont coupés, car, souligne le Pr Simon, le fil d’ADN serait autrement trop long pour le transfert génétique. La cible du test sanguin, ce sont donc ces introns, des bouts d’ADN non codant et qui manquent à l’ADN transféré. Après chaque effort physique, les muscles relâchent un peu d’ADN dans la circulation sanguine, ce qui permet de les détecter. Des semaines, voire des mois après l’injection, assure le Pr Simon, on peut encore retrouver la trace des morceaux d’ADN sans introns qui indiquent qu’il y a eu transfert génétique.
Le test sanguin avait d’abord été élaboré pour des malades ayant déjà reçu des thérapies génétiques. Les chercheurs ont mis quatre ans pour adapter leur test de dépistage aux besoins du sport. Les premiers tests de fiabilité ont été réalisés chez des souris à qui étaient injecté du matériel génétique afin de favoriser la production d’une hormone qui accélérait la genèse de nouveaux vaisseaux sanguins. En analysant, au bout de deux mois, d’infimes quantités de sang prélevé, les médecins pouvaient encore déterminer, à coup sûr, quels animaux avaient eu une injection d’ADN étranger. Le dépistage du dopage génétique était donc possible. Le test a ensuite réalisé chez des sportifs professionnels et amateurs. Leur sang a été prélevé pendant et en dehors de leurs périodes d’entraînement. Aucun faux-positif n’a été observé. Le travail des deux cliniciens a été publié dans la revue « Gene Therapy. »
Comme la WADA, le Pr Simon est convaincu que dorénavant, les athlètes renonceront au dopage génétique, car le danger d’être découvert serait trop grand. « Un test de dopage génétique par an suffit », souligne-t-il, « pour prouver qu’un athlète s’est dopé ». Toutefois le test ne sera pas officiellement utilisé pour les Jeux Olympiques de Londres qui débutent fin juillet.
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