Réhabilitation respiratoire

L’accès reste insuffisant

Publié le 09/02/2012
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« POUR MARQUER les esprits, le groupe Alvéole de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) a l’habitude de dire que si tous les patients ayant une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui relèvent de la réhabilitation respiratoire, s’adressaient aux centres ouverts en France, on serait face à une liste d’attente de pratiquement 25 ans ». Le Pr Dominique Valeyre, président de la SPLF, reconnaît que « le propos est certes un peu exagéré, mais il reflète quand même bien le problème majeur que constituent les difficultés d’accès des patients BPCO à cet acte dont l’utilité est aujourd’hui reconnue. »

Au cours des dernières années, différents travaux ont clairement démontré l’efficacité de la réhabilitation respiratoire pour la prise en charge des patients atteints de BPCO. « Pour un très grand nombre de patients, la réhabilitation respiratoire est quelque chose de très positif. Cela augmente leur autonomie et améliore leur qualité de vie. Le réentraînement à l’exercice est non seulement très utile pour redévelopper le capital musculaire mais aussi pour réadapter à l’effort. On sait en effet que la pratique régulière d’un exercice dans ce contexte a un effet anti-inflammatoire », indique le Pr Valeyre, en ajoutant que le réentraînement à l’exercice s’inscrit dans un programme thérapeutique complet. « En parallèle, on peut aussi proposer au patient de l’éducation thérapeutique, un sevrage tabagique, un encadrement psychologique, un suivi nutritionnel et, si nécessaire, une prise en charge sociale ».

Des inégalités.

Aujourd’hui, selon le Pr Valeyre, il serait opportun que la France suive l’exemple d’autres pays pour permettre une prise en charge plus large de la réhabilitation respiratoire. « Cet acte est aujourd’hui identifié dans la nomenclature aux États-Unis ou en Belgique. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une fantaisie. Le problème est que pour l’instant, seule une toute petite minorité de patients en France a accès à cet outil thérapeutique », déplore le président de la SPLF. En effet, aujourd’hui, cette réhabilitation ne peut être pratiquée qu’en milieu hospitalier, soit dans le cadre d’un séjour, soit dans un cadre ambulatoire. « Mais faute de reconnaissance de l’acte dans la nomenclature, les pneumologues de ville ne peuvent pas faire de séances de réentraînement à l’effort. Cela limite de manière considérable l’accès à la réhabilitation respiratoire. Car les centres hospitaliers, publics ou privés, qui peuvent accueillir les patients sont aujourd’hui trop peu nombreux et mal répartis sur le territoire. Il y a donc un accès largement insuffisant et des inégalités géographiques », estime le Pr Valeyre en rappelant que l’acte de réhabilitation respiratoire a été reconnu dans la nomenclature pour la cardiologie. « Il serait donc logique qu’il en soit de même pour la BPCO », indique le président de la SPLF.

D’après un entretien avec le Pr Dominique Valeyre, président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), chef du service de pneumologie de l’hôpital Avicenne, Bobigny.

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes