L’action diabétogène des statines

Publié le 13/11/2014
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Maaku Laasko (Finlande) a présenté les mécanismes de l’action diabétogène des statines, incluant des données non encore publiées. WOSCOPS est la première étude où l’effet diabétogène des statines a été examiné. Celle-ci suggérait plutôt une diminution du risque. Par la suite, le risque s’est révélé plus important. Pratiquement toutes les statines ont été étudiées et, si la pravastatine ne semble pas beaucoup accroitre le risque (sauf dans quelques études), la simvastatine, la rosuvastatine et l’atorvastatine l’augmentent dans des proportions allant de 10 à 30 %. Il faut signaler que ces chiffres sont peut-être sous-estimés, ce qui est lié à la façon dont le diagnostic de diabète est réalisé (glycémie à jeun, glycémie à 2 heures post-charge…).

Une méta-analyse a montré que la pravastatine tend plutôt à augmenter la sensibilité à l’insuline, alors que les autres statines la diminuent (ou accroissent la résistance). La diminution de la sensibilité à l’insuline induite par la simvastatine passe par l’altération du signal AKT et la modification de l’expression de GLUT4 et de HK2 ainsi que par la dysrégulation de la glycolyse.

Mais l’augmentation de la résistance à l’insuline n’induit pas de diabète, si la production d’insuline est préservée. Or, expérimentalement, la plupart des étapes de l’insulinosécrétion sont atteintes lors d’un traitement par simvastatine : altération de la sécrétion d’insuline médiée par la GTPase, blocage des canaux potassiques ATP-dépendants et altération de la sécrétion passant par les canaux calciques de type L, altération de la sécrétion d’insuline dépendante de l’acétylcholine, du GPR40 ou du GLP-1.

Il faut aussi et surtout se souvenir d’une étude ayant inclus un peu plus de 200 personnes sur 5 ans : pour 1 cas de diabète induit, 5 décès d’origine cardiovasculaire sont évités, indiquant que même si les statines peuvent augmenter le risque de diabète, elles restent fondamentales dans la prévention du risque cardiovasculaire.

Ces études peuvent nous aider à mieux comprendre les actions non lipidiques des statines, très utiles pour nos patients diabétiques dont le risque vasculaire est extrêmement élevé. Le risque lipidique est lié non seulement aux concentrations plasmatiques des lipoprotéines mais aussi à la qualité des LDL et à des facteurs moins classiques comme la perte des propriétés protectrices des HDL.

Exergue:

5 décès d’origine cardiovasculaire évités pour 1 cas de diabète induit


Source : Congrès spécialiste