L’AUGMENTATION de l’incidence des allergies aux teintures pourrait être en rapport avec une majoration de l’utilisation des colorants pour cheveux dans la population. Depuis le milieu des années 1990, en effet, on assiste à une nette augmentation du recours aux teintures, y compris chez les plus jeunes. Au Japon, par exemple, aujourd’hui, 41 % des lycéennes, 85 % des filles âgées de 20 à 30 ans et 33 % des garçons de la même tranche d’âge se colorent de façon très régulière les cheveux, alors qu’ils n’étaient, respectivement, que 13, 6 et 2 % en 1992. En outre, le délai entre deux utilisations de produits colorants s’est nettement abaissé et il n’est pas rare que les modifications de couleur effectuées soient très importantes d’une fois à l’autre.
La paraphénylènediamine (PPD).
Pour qu’une teinture de cheveux permette d’obtenir une couleur uniforme qui ne s’élimine pas au shampooing, les fabricants incluent dans leurs produits de la paraphénylènediamine (PPD) ou d’autres membres de la famille des amines aromatiques. En raison de leur faible poids moléculaire, ces produits pénètrent profondément dans les cheveux et leurs follicules. En présence d’agents oxydants, il se produit une polymérisation qui permet la modification de couleur. En dépit d’efforts de recherche menés par les fabricants, on ne dispose pas actuellement d’alternative à l’utilisation de PPD. Or des réactions allergiques à ce constituant ont été rapportées depuis plus d’un siècle.
Très récemment, plusieurs centres spécialisés dans le traitement de l’allergie ont signalé une majoration du nombre des patients traités pour ce type de problème. En Thaïlande, par exemple, en se fondant sur une extrapolation réalisée à partir de tests sur 2 500 adultes, les dermatologues ont estimé que plus d’un million de personnes seraient concernées par l’intolérance cutanée au PPD (2,7 % de la population). En Allemagne, 1,3 million d’adultes seraient susceptibles de déclencher des réactions allergiques, si elles étaient en contact avec des teintures de cheveux contenant du PPD.
Cliniquement, les allergies au PPD se caractérisent par l’apparition immédiate d’une dermatite de la face et en particulier de la ligne de séparation entre les cheveux et le front. Chez certaines patientes, la forme peut être telle cliniquement que la réaction cutanée s’accompagne d’un oedème muqueux et peut nécessiter un traitement d’urgence, voire une hospitalisation. Le test diagnostique est effectué en utilisant des patchs cutanés à 1 % de PPD. Actuellement, ce test fait partie de la batterie de ceux effectués de façon habituelle devant un tableau d’allergie cutanée du visage ou du cuir chevelu.
« British Medical Journal », vol. 334 : 220, 3 février 2007.
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