Cette question, souvent débattue, revient sans cesse sur le tapis. À vrai dire, il n’y a guère de raison de croire l’appendicite une conquête du XIXe siècle. Elle a dû exister dans les temps passés, ignorée, méconnue, prise pour autre chose, ou simplement inexpliquée. Et il est certain qu’elle a existé autrefois.
C’est ainsi qu’on trouve dans les “Observations « de Heister une note se rapportant à l’année 1711, époque à laquelle Heister, disséquant un criminel à Aldorf, se trouva en présence de lésions nettement caractérisées d’appendicite.
“Je trouvai, dit-il, le processus vermiforme du cæcum surnaturellement noir et plus adhérent au péritoine que de coutume. Comme je me disposais à l’écarter, en la tirant doucement de côté, la membrane de ce processus se brisa, bien que le corps fut tout à fait frais, et il en sortit deux ou trois cuillerées de matière. Cet exemple peut servir de preuve de la possibilité d’inflammation et d’abcès dans l’appendicule, comme dans d’autres parties du corps, ce qui ne me paraît pas avoir été beaucoup remarqué par d’autres auteurs. Et quand, dans la pratique, nous rencontrons de la brûlure et de la douleur là où se trouve cet organe, nous devons y prendre garde ” (Observation CX)
On le voit, Heister a rencontré un sujet atteint d’appendicite. Il conseillait, comme devant être bienfaisants, des lavements, mais ne dissimulait pas que le mal devait avoir, à l’occasion, une issue fatale.
Il a paru à quelques médecins encore que Madame a succombé à l’appendicite. Il semble aussi, pour s’éloigner davantage dans le temps, que le roi Herode Agrippa a pu périr de même. En tout cas, la maladie dont il trépassa fait aujourd’hui naître inévitablement le soupçon d’appendicite : il fut pris d’une violente douleur au ventre et mourut au cinquième jour. Il y a toutefois mieux que cette conjecture : il y a le fait signalé l’an dernier qu’au cours des explorations archéologiques entreprises dans la région dont la surélévation de la digue d’Assouan détermina l’inondation, le docteur Reisner a trouvé dans un des cinquante-sept cimetières explorés un corps de jeune fille ou femme, des débuts de l’ère chrétienne, chez qui il y avait une adhérence très ferme de l’appendice. C’est là probablement la preuve la plus précise de l’antiquité de l’appendicite.
Cessons donc de croire à l’origine récente de ce mal. C’est une vieille connaissance en réalité, si l’on peut parler ainsi d’une maladie qui n’était point réellement connue et n’avait point d’état civil. »
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