ON SAIT QUE l'intégrase est une enzyme qui permet l'intégration de l'ADN viral au génome de la cellule hôte : en inhibant l'activité catalytique de l'intégrase, Isentress bloque la réplication virale et empêche la propagation de l'infection.
Comme l'a rappelé le Pr Reynes, depuis 1997, on a multiplié les exigences vis-à-vis du traitement antirétroviral : puissance, bien sûr, puis tolérance (à court et à long terme), facilité d'emploi et, enfin, non-sélection de résistances. Sur ce dernier plan, le contrôle de la charge virale est essentiel, souligne le Pr Katlama car «quand la charge virale augmente, les résistances se développent». L'objectif est donc d'obtenir chez le plus grand nombre possible de patients une charge virale indétectable (< 50 copies/ml). Un objectif totalement partagé par Xavier Rey-Coquais, président de l'association Actif Santé, ce qui le conduit à revendiquer une utilisation des médicaments actifs en cas d'échappement (un phénomène qui concerne de 20 à 30 % des quelques 70 000 patients traités), du T20, mais aussi d'Isentress, allant de pair avec une mobilisation des médecins et une éducation des patients.
Des résultats très démonstratifs.
En ce qui concerne Isentress, le Pr Katlama n'hésite pas à parler de révolution, du fait de l'originalité du mécanisme d'action et de la puissance du produit «des nanomoles sont efficaces sur des virus qui résistent à tout». Une puissance confirmée par deux études de phase III (BENCHMRK 1 et 2) réalisée chez 700 patients en échec de traitement antirétroviral et infectés par des souches résistantes à un médicament des trois classes d'ARV par voie orale.
Le Pr Katlama précise que ces patients avaient été traités, en moyenne, depuis plus de dix ans, ayant déjà reçu 12 antirétroviraux.
Dans cette population difficile, l'addition de raltégravir (400 x 2/j) au traitement antérieur ( versus placebo + traitement antérieur) fait passer à 24 semaines le pourcentage de patients sous 400 copies de 40 à 75 %. Surtout, 63 % des patients passent au-dessous de 50 copies/ml (indétectables) contre seulement 34 % dans le groupe placebo. Parallèlement, le nombre de CD4 augmente de 84 cellules/mm3 dans le groupe placebo.
Au total, l'efficacité antirétrovirale d'Isentress est hautement significative (p < 0,001), efficacité qui va de pair avec un bon profil de tolérance : moins de 2 % d'effets indésirables modérés à sévères (essentiellement diarrhées, vomissements, céphalées et fièvre). En outre, le raltégravir ne nécessite pas de boost par le ritonavir et n'est pas métabolisé par le cytochrome p450, ce qui limite le nombre des interactions médicamenteuses. La seule précaution d'emploi concerne l'association aux inducteurs de l'UGT 1A1 (en particulier la rifampicine), ce qui peut motiver le doublement des doses d'Isentress. Enfin, Isentress ne doit pas être utilisé avec des médicaments qui augmentent le pH gastrique.
Et demain ?
Bien sûr, les patients attendent les résultats d'études utilisant le raltégravir chez des patients naïfs, compte tenu de son efficacité, de son profil de tolérance à court et à moyen terme et des premières mutations observées qui laissent supposer un faible développement de résistance. Mais cela est une autre histoire.
(1) Conférence de presse organisée par les Laboratoires MSD.
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