Le temps politique n'est pas compatible avec cette impatience populaire que des médias surexcités alimentent à chaque seconde. Le cadre de l'action gouvernementale est posé, les obstacles au programme de la majorité ne sont pas dirimants, quelque chose est en train de se produire dans ce pays, que les observateurs de l'étranger décèlent bien mieux que nous, qui restons engoncés dans la manie de l'affrontement, et dans le désir toujours très vif de ne jamais accorder au pouvoir la moindre des indulgences. C'est sûr, et nul besoin d'être un modèle d'indépendance pour le dire, le président de la République fait feu de tout bois, est sensible aux sévères commentaires qui pleuvent sur lui et ses ministres, et il sait riposter, non pas à s'adressant directement à ses censeurs mais en exposant sa philosophie, c'est-à-dire l'esprit de ses lois, et donc la continuité et l'harmonie supposée de son action.
Personne n'est obligé de le croire et tout indique, depuis la violence des commentaires publics, jusqu'à son niveau de popularité, que le chef de l'Etat compte plus de détracteurs que d'adorateurs. Mais au moins fait-il de la plus complète transparence le fond et le sens de son travail, au moins partage-t-il avec tous, y compris ceux qui le combattent, les idées qui le guident. Qu'y a-t-il, dans ce qu'il fait, qu'il n'ait pas annoncé depuis que personne ne lui accordait la moindre chance d'être élu ? Et pourquoi ne devrait-il pas s'appuyer sur cette légitimité pour écarter de son chemin les manœuvres de ses adversaires, les exégèses sardoniques d'une presse rongée par la crainte de paraître conformiste, et les badauds qui l'interpellent dans la rue avec un langage parfois incohérent ?
Est-il autoritaire ?
On a écrit un peu partout la semaine dernière que M. Macron était autoritaire, peut-être plus que Mitterrand ou de Gaulle. Tiens donc. Si autoritaire signifie qu'il préfère finir ce qu'il a commencé, ce qui suppose une surveillance étroite de l'action de ses ministres, on ne devrait pas chercher pas à faire un défaut de ce trait de caractère. S'il verrouille sa communication, ce qui est indéniable et peut, en quelque sorte, ressembler à une méthode autoritaire et même insuffisamment républicaine, ajoutons dans le même souffle qu'il communique énormément. De sorte qu'il y a forcément des réponses aux questions que des journalistes brûlent de lui poser sans qu'il leur ait donné l'occasion de le faire. S'il tranche au terme d'un débat, c'est plus que souhaitable. Autoritaire, disent-ils. Mais d'autres récits publiés par la presse affirment le contraire, ou précisent que, en conseil des ministres, M. Macron fait parler tous les membres de son gouvernement avant de prendre une décision.
Le débat n'est-il pas quelque peu superficiel, et même dérisoire au regard d'un quinquennat ? S'il y a, au terme de cette année incroyable, un bref temps mort, n'est-ce pas une occasion de laisser le pouvoir vaquer à ses affaires ? Peut-on, au jour le jour, évaluer une politique ? Certes, il y a dans la personnalité même de M. Macron, dans sa jeunesse, dans sa confiance, dans sa marche apparemment irrésistible, dans le grand cas que le monde fait de lui, un peu d'arrogance, un peu de provocation risquée, une certitude à laquelle il doit apporter des preuves. Certes, il baigne encore dans son succès électoral, comme s'il n'en revenait pas. Certes, comme il l'a expliqué à « Time » dans un entretien qui a fait la couverture du magazine, toutes éditions nationales et internationales confondues, il ne fait que débuter. Mais ce débutant-là a plus d'un tour dans son sac.
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