Courrier des lecteurs

« L'Assurance maladie cherche-t-elle à liquider les généralistes ? »

Publié le 13/12/2019

Je suis la personne de confiance et aidante d'une amie atteinte d'une SEP, en fauteuil et déambulateur à domicile. À la suite d’une fracture du bras, qui lui a valu 6 semaines de plâtre, cette amie n'a pas encore récupéré la position debout, malgré les aides techniques. Les déplacements médicaux se font donc par ambulance.

Après une visite chez le neurologue, mon amie a pris froid, en raison de son attente prolongée dans le hall de l'immeuble et du transport. Son médecin traitant est venu la voir à son domicile et lui a prescrit des antibiotiques pour 8 jours. Mais les symptômes s'aggravant du fait de l'encombrement et de la difficulté à expectorer les sécrétions, le médecin a modifié les antibios et lui a prescrit des aérosols d'un corticoïde matin et soir.

Quelle surprise fut-ce d'apprendre que ce traitement ne serait pas remboursé par l'Assurance maladie, les pneumologues ayant depuis un an le monopole de la prescription – 64 euros et des poussières !

Si je comprends bien, le généraliste aurait dû l'adresser au spécialiste ? Vu les délais pour obtenir un rendez-vous, bonjour l'attente ! Et question économies, la Sécu aurait été perdante. On résout donc la question en faisant banquer le malade. C’est mieux, je le conçois, que de le laisser s'asphyxier dans ses glaires.

Mais est-ce cela soigner un patient qui ne peut se déplacer ? Alors qu’il a encore la chance d'avoir un médecin se déplaçant à son chevet, on ne donne à ce praticien plus les moyens de prescrire en toute sérénité des soins qu'il sait être à la charge financière du malade.

L'Assurance maladie cherche-t-elle à « liquider » les généralistes en supprimant le remboursement de certains soins ? Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de protestations au passage de cette mesure désolante de mépris, et injuste pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'engager dans une dépense nécessaire à leur santé.

J'appelle cela de la cruauté maltraitante, l'annulation de l'humain sur l'autel de la rentabilité.

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Christiane Morand, orthophoniste retraitée près de Lyon

Source : lequotidiendumedecin.fr