LA CHÉLOIDE se définit d'un point de vue anatomoclinique comme une tumeur conjonctive extensive et récidivante caractérisée par une prolifération de fibroblastes dans le derme moyen avec présence de gros faisceaux de collagène hyalinisé disposés en agglomérats sphériques.
Le diagnostic, essentiellement clinique, est porté à l'inspection de la lésion : placard ou nodule ferme souvent sensible à la palpation et prurigineux de couleur chair ou rouge, à surface lisse, avec parfois présence de télangiectasies. Les bords sont nets, les extensions périphériques pseudopodiques, en « patte de crabe » (d'où la dénomination), sont caractéristiques.
Différents facteurs sont prédisposants :
– topographie : épaule, thorax, cou (notamment après intervention pour goitre), oreille, rebords claviculaires, sternaux, tibiaux, mandibulaires et mentonniers ;
– type d'agression cutanée : souvent une brûlure ou une infection ;
– ethniques : sujets à peau noire.
Les chéloïdes surviennent le plus souvent après une agression cutanée : plaie chirurgicale, brûlures, vaccination, piercings (il ne faut pas l'oublier, le lobule auriculaire n'est plus qu'un site parmi d'autres…), certaines dermatoses inflammatoires (acné : thorax, nuque). Elles peuvent aussi être spontanées, surtout chez les sujets à peau noire ; cependant, le rôle de traumatismes inaperçus est parfois discuté.
Il est important de distinguer une chéloïde d'une cicatrice hypertrophique. La cicatrice hypertrophique est précoce, survenant un mois après la lésion initiale (incision chirurgicale souvent). A bords parallèles, elle est limitée à l'aire d'incision, sa régression est spontanée en 12 à 18 mois ; son image histologique comporte des fibroblastes et des fibrocytes disposés irrégulièrement et des fibres de collagène mature.
L'apparition de la chéloïde est retardée (de 3 à 6 mois) par rapport à la lésion cutanée, elle est extensive avec pseudopodes et déborde l'aire de la lésion initiale. Son image histologique est différente. Son évolution est indéfinie, elle récidive après ablation chirurgicale ; une régression spontanée est cependant possible (très rarement).
Traitement long et difficile.
Aujourd'hui encore, le traitement des chéloïdes, non univoque, reste pragmatique, long et difficile, avec des résultats incertains.
Pour le traitement curatif, différents moyens sont utilisés de façon isolée, l'un après l'autre ou conjointement :
– massages quotidiens avec un dermocorticoïde fort pendant 6 mois à 1 an ;
– massages mécaniques périlésionnels ;
– infiltrations au Dermojet de suspension de corticoïde retard toutes les 2 à 3 semaines (environ 6 séances) ;
– mise en place de pansement film-gel en silicone au moins 12 heures par jour pendant au moins 3 mois (non remboursé, compatible avec corticothérapie locale) ;
– douches filiformes qui font partie intégrante de la cure thermale, incontournable chez les grands brûlés (efficacité antiprurigineuse souvent signalée) ;
– cryochirurgie (azote liquide) une fois par mois (association possible avec injection intralésionnelle d'un corticoïde) ; cette mesure est parfois utilisée aussi pour favoriser la régression de cicatrices hypertrophiques.
L'ablation chirurgicale des chéloïdes, qui expose au risque majeur de récidive avec extension secondaire, est déconseillée. Cependant, certaines techniques peuvent être envisagées :
– excision et infiltration des bords avec des corticoïdes, couverture par un greffon et compression ;
– résection endo-chéloïdienne suivie d'un implant radioactif en cas de lésion très volumineuse ;
– excision tangentielle suivie de cryochirurgie et d'un pansement compressif ;
– tentative de traitement laser (argon, Yag).
Un traitement préventif est effectué chaque fois que possible par une compression 24 heures/24, forte et prolongée à condition que la chéloïde siège en regard d'un plan osseux dur. Cette compression est assurée par des masques transparents, clips (oreilles), vêtements inextensibles sur mesure. Elle est systématique dans les protocoles de soins pour grands brûlés.
Enfin, gare aux piercings, en particulier chez les sujets à risque : une prévention simplissime pourtant difficile à faire entendre !
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