Le comité d'éthique recommande le dépistage pour éviter un confinement trop strict dans les Ehpad

Par
Publié le 02/04/2020
ehpad

ehpad
Crédit photo : SPL/PHANIE

La gestion de la crise sanitaire dans les Ehpad préoccupe le gouvernement qui a saisi la semaine dernière le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Il lui a notamment demandé de se pencher sur la question du renforcement des mesures de protection dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et les unités de soins de longue durée (USLD). Le CCNE a donc rendu mardi son avis sur ce sujet.

Plus de moyens humains et matériels 

Le comité rappelle en préambule que cette crise ne fait qu’accentuer le manque de moyens de ces établissements qui était préexistant à la situation actuelle. Il évoque notamment la pénurie de personnels et de ressources indispensables aujourd’hui comme les masques ou les tests de détection. De manière générale, le CCNE rappelle que malgré la situation exceptionnelle toute mesure qui restreint les libertés doit être « limitée dans le temps, proportionnée et adéquate aux situations individuelles ».
Concernant le renforcement des mesures de confinement pour les résidants, le comité estime qu’il ne peut pas y avoir de règle générale, les décisions doivent forcément être prises par le directeur d’établissement et le médecin coordonnateur en lien avec les instances et tutelles dont ils dépendent. De plus elles doivent être contextualisées et donc au cas par cas ajoutant que « tous les moyens (humains et ressources) doivent être identifiés et mobilisés, dans chaque établissement ». Parmi ces moyens, le CCNE cite notamment : des moyens humains déployés rapidement pour remplacer les professionnels arrêtés pour maladie, afin de maintenir les soins de base, mais aussi des moyens humains « nouveaux en compétences » pour « faciliter les médiations » à distance entre la famille et les résidents confinés, la présence de volontaires bénévoles, ainsi que des ressources pour la protection sanitaire et l’accompagnement.

Tester pour rétablir un lien social
Concernant l’organisation des résidences, le comité souligne la nécessité d’organiser dans l’établissement des secteurs séparés entre ceux atteints de Covid et les autres, mais aussi le maintien d’un espace de circulation physique, même limité, jugé « impératif en dépit des mesures d’isolement ».
Pour les liens avec les proches, le CCNE estime qu’il serait souhaitable d'autoriser, dans des conditions strictes, pour les résidents « testés négativement », la visite de proches, eux aussi négatifs. Une condition sine qua non mise en avant par le comité est la possibilité d’accéder à grande échelle à des tests. Elle s’applique aussi pour accéder à la demande de certaines familles d’accueillir chez eux un résident, même si l’avis du CCNE souligne que « de telles initiatives devraient être encouragées ». Il ajoute qu’une aide doit être apportée à ces familles pour leur permettre de dispenser les soins nécessaires. Pour les résidents en fin de vie, le CCNE considère qu’un accueil pour les familles et proches aidants doit être rendu possible.

Enfin, sur le cas particulier des personnes présentant des troubles cognitifs, « vouloir leur imposer un confinement est extrêmement complexe, pouvant engendrer d’autres risques, notamment la décompensation psychique », note le NE. « Comment imposer une mesure de restriction des libertés qui ne peut pas être comprise, entre autres parce que les enjeux ne peuvent pas être mémorisés ? », ajoute-t-il. Une fois de plus il recommande donc de s’adapter au contexte de chaque établissement.


Source : lequotidiendumedecin.fr