LE 21 janvier 2007, la deuxième allogreffe partielle de la face était réalisée en toute discrétion à l'hôpital Henri-Mondor par le Pr Laurent Lantieri et son équipe. Elle concernait un patient, âgé de 29 ans, atteint d'une forme de maladie de von Recklinghausen. L'affection entraînait non seulement un lourd préjudice esthétique (la face était déformée par des fibromes, malgré de nombreuses interventions chirurgicales), mais aussi un handicap majeur pour se nourrir et pour parler.
Le Pr Denys Pellerin a remercié très vivement le Pr Laurent Lantieri d'avoir réservé à l'Académie de médecine la primeur de la présentation publique de cette transplantation de tissu composite au niveau de la face.
Une maladie, pas un traumatisme.
En 2002, le Pr Laurent Lantieri avait soumis un protocole d'allogreffe de tissus composites de la face au comité consultatif national d'éthique, qui a rendu un avis en 2004. Le protocole a été soumis pour accord à l'établissement français des greffes (EFG) et à l'avis du comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale, qui a donné un avis favorable sous réserve de respecter les recommandations.
En juillet 2006, le Pr Laurent Lantieri recevait l'autorisation de l'agence de biomédecine pour pratiquer une intervention destinée, non pas à réparer une lésion d'origine traumatique, mais à réparer les conséquences d'une maladie congénitale.
Le malade est un homme de 29 ans atteint d'une forme de neurofibromatose particulièrement développée au niveau du visage. Elle entraînait des déformations monstrueuses empêchant toute activité professionnelle (le patient avait fait des études supérieures).
Il est suivi depuis 1995 par le Pr Laurent Lantieri, qui lui a proposé une transplantation, car ce type de lésion faciale est absolument impossible à réparer par les procédés conventionnels. Seule une greffe partielle de la face pouvait permettre de réduire le handicap et de réaliser une reconstruction fonctionnelle.
Une évolution satisfaisante.
Le prélèvement a été fait sur un homme en état de mort cérébrale à la suite d'un accident vasculaire cérébral. Pour préserver son aspect physique, on a appliqué une technique de moulage avant le prélèvement. De sorte qu'on a pu restaurer sa face après le prélèvement.
Après exérèse complète des neurofibromes, les tissus sains du donneur (triangle bouche-nez et une partie des joues) ont été transplantés avec anastomose des vaisseaux et des nerfs. Au total, l'intervention a duré plus de quinze heures.
Les photos présentées par le Pr Laurent Lantieri à l'Académie de médecine montrent l'évolution esthétique au cours du temps. Le patient a reçu un traitement immunosuppresseur. Néanmoins, un début de rejet a été constaté à J28 ; il a pu être jugulé par un traitement corticoïde.
Cinq semaines après l'intervention, l'évolution du patient est satisfaisante ; il n'y a pas eu d'épisodes infectieux, l'état immunitaire est contrôlé par des biopsies hebdomadaires de peau et de muqueuse.
Le patient, qui a découvert son nouveau visage au 10e jour, est prêt à rentrer chez lui. Il parle, il mange et il fait de l'exercice. Il semble accepter sa nouvelle physionomie.
Des questions restent posées sur la reprise de l'activité nerveuse, l'immunosuppression à long terme (le patient est traité par ramamycine) et la réintégration dans la vie sociale.
Sorbonne, séance de l'Académie de médecine. Communication du Pr Laurent Lantieri (hôpital Henri-Mondor).
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