Le DPC : c’est parti !

Publié le 04/04/2013
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L’obligation annuelle de chaque médecin est de réaliser un programme de DPC. Ce programme se compose d’un volet d’analyse des pratiques (ex-EPP) et d’un volet cognitif (ex-FMC). L’obligation est individuelle (chaque professionnel doit valider chaque année un programme), mais réalisée dans un contexte collectif. C’est une obligation simple et légère qui devrait représenter un investissement de 2 à 3 jours pour chacun d’entre nous.

Le programme idéal serait décliné sur un même thème et commencerait par la partie analyse des pratiques, suivi du volet cognitif : « j’analyse ce que je fais pour identifier mes lacunes et je me forme pour les combler ». Les actions constituant un programme de DPC peuvent être choisies dans un portefeuille qui sera mis à la disposition des rhumatologues par le Collège français des médecins rhumatologues (CFMR). Les méthodes et modalités de ces actions ont été élaborées avec la Haute Autorité de santé et récemment validées (2).

Les praticiens au centre du dispositif.

Les médecins libéraux et salariés sont, à travers leurs Conseils nationaux professionnels (CNP) et la Fédération des spécialités médicales (FSM), au centre du dispositif. Chaque praticien pourra bénéficier d’un accompagnement par son CNP et pourra suivre son parcours de DPC grâce à une plateforme informatique dédiée, mise à la disposition des CNP par la FSM.

Le financement, encore des questions…

Les programmes de DPC seront conçus et mis en œuvre par des opérateurs, les organismes de DPC (ODPC). Ils sont évalués et validés par la Commission scientifique indépendante (CSI) pour pouvoir délivrer des attestations individuelles de DPC. Les attestations annuelles seront transmises à l’Ordre. En cas de non-respect de l’obligation de DPC, l’Ordre des médecins prendra les mesures qu’il juge nécessaires.

Le fonctionnement administratif, logistique et financier du dispositif est coordonné par l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC). Les programmes de DPC des médecins libéraux seront pris en charge par l’OGDPC dans la limite d’un forfait par programme (dans la limite d’un programme annuel), qui comportera aussi la prise en charge des pertes de ressources et les frais des praticiens induits par leur participation aux programmes de DPC. Les programmes de DPC des médecins hospitaliers et salariés seront financés soit directement par leur établissement soit par l’intermédiaire d’un Organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), comme l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier. Les médecins hospitaliers pourront accomplir leurs programmes de DPC dans le contexte qu’ils souhaitent : au sein de leur hôpital avec l’appui de la Commission médicale d’établissement (CME), de leur université ou avec un ODPC extérieur : tout praticien a la liberté de choisir de réaliser son DPC avec le ou les ODPC de son choix.

2013 : des mesures transitoires.

2013 est une année de transition. L’ensemble des structures du dispositif n’est pas encore en place. La Commission scientifique indépendante (CSI) des médecins a été installée avec retard, mi-janvier. Les premiers ODPC seront évalués et validés par la CSI dans le courant de l’été. L’OGDPC a donc décidé d’enregistrer les organismes habilités précédemment à délivrer des programmes d’EPP ou des actions de FMC et de reconnaître leur activité au titre du DPC, y compris avec l’indemnisation de ces actions et la délivrance d’attestations qui seront transmises à l’Ordre.

Le CFMR est donc dans ce cadre habilité à mettre en œuvre des actions et nous avons d’ores et déjà préparé 3 programmes qui seront déployés dans les mois prochains, à destination de tous les rhumatologues.

Trois programmes proposés par le CFMR

Le premier programme est l’observatoire national des infiltrations et viscosupplémentation, mis au point par Patrick Lebrun. Les objectifs sont de décrire la pratique habituelle de la profession, de connaître la fréquence réelle des accidents, d’identifier les facteurs de prises de risques et, finalement, de vérifier la pertinence des recommandations.

Le deuxième programme est l’optimisation dans le suivi de la PR. Il repose sur la pratique d’un réseau régional, établi depuis plusieurs années en Nord-Picardie (réseau RIC-NP), mis au point par Guy Baudens. Il a déjà permis à des rhumatologues de valider leur EPP depuis 2008. L’outil est disponible en ligne à partir du site du CFMR et permet de renseigner des items de suivi des malades atteints de polyarthrite rhumatoïde ou de rhumatisme psoriasique. ?

Le troisième programme a été développé en partenariat avec le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO), sous la conduite de Laure Chapuis. Il est intitulé « Comment mieux évaluer le risque de fracture pour une meilleure prise en charge de l’ostéoporose ».

Vers un ODPC pour la rhumatologie.

Un organisme de DPC de Rhumatologie est en cours de constitution : il sera l’opérateur de référence pour les rhumatologues. Avec la participation de tous les acteurs institutionnels de notre spécialité, il élaborera et proposera aux rhumatologues des programmes de DPC couvrant tout le champ de notre spécialité. Certains programmes pourront aussi être ouverts aux autres professionnels de santé intéressés à améliorer la qualité de leurs pratiques pour les maladies musculosquelettiques : médecins d’autres spécialités, mais aussi infirmier (es), kinésithérapeutes…

Le DPC est donc enfin en marche ! Les rhumatologues regroupés dans le CFMR doivent maintenant se l’approprier et le faire vivre, améliorer la qualité des pratiques et la sécurité des soins et en évaluer l’impact sur l’état de santé de la population.

philippe.orcel@lrb.aphp.fr

Service de rhumatologie, hôpital Lariboisière (AP-HP), Paris

Collège français des médecins rhumatologues (CFMR), http://www.cfmr.net/

Fédération des spécialités médicales (FSM), http://www.specialitesmedicales.org/

Membre de la Commission scientifique indépendante du DPC médecins, www.ogdpc.fr

(1) Orcel P. L’abc du DPC ou « Comment réussir sa démarche qualité ? ». Rev Rhum 2012 ; 79 : 456–459.

(2) Haute Autorité de Santé. Développement professionnel continu, méthodes et modalités de DPC. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012

12/liste_methodes_modalites_dpc_decembre_2012.pdf

Pr PHILIPPE ORCEL, Paris

Source : Bilan spécialistes