Le projet PACRI

Le grand défi de la cancérologie d’Île-de-France

Publié le 27/06/2012
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C’EST UN PROJET d’envergure, sans doute le plus important lancé en France dans le domaine de la cancérologie. « Cela faisait une vingtaine d’années que ce projet était dans les cartons, mais il était complexe à monter car l’objectif était de fédérer toute la recherche et l’innovation en cancérologie médicale en Ile-de-France », explique le Pr François Sigaux, président du cancéropôle d’Île-de-France et de l’institut universitaire d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris.

Le Projet alliance parisienne des instituts de recherche en cancérologie (PACRI), est l’un des deux projets retenus dans le cadre des investissements d’avenir « Pôles hospitalo-universitaires en cancérologie ». « En 2010, il y a eu l’appel à projet du gouvernement pour constituer les instituts hospitalo-universitaires (IHU). Mais, à l’époque, il n’y a pas eu d’IHU de cancérologie. Le gouvernement, qui souhaitait voir se créer des structures de ce type, a donc lancé un nouvel appel d’offres et deux projets ont été retenus : PACRI en Île-de-France et CAPTOR dans la région de Toulouse », indique le Dr Pierre Teillac, directeur de la section médicale de l’institut Curie.

Le projet PACRI est porté par le PRES Sorbonne Paris Cité, l’institut Curie, l’institut Gustave-Roussy, l’institut universitaire d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis (université Paris Diderot/AP-HP), l’université Paris-Descartes, l’université Paris-Sud et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (Saint-Louis, HEGP1 et Cochin), associés à l’INSERM et au CNRS. « À travers cette alliance inédite, l’objectif est de mettre en œuvre une politique régionale forte de recherche, de formation et d’éducation en cancérologie en Île-de-France », souligne le Dr Teillac.

Coordonné par le Pr Guido Kroemer (université Paris-Descartes, AP-HP-institut Gustave-Roussy), PACRI réunit en effet d’importantes activités d’oncologie fondamentale, translationnelle et clinique d’Île-de-France, soit plus de la moitié des forces nationales de pointe dans la recherche sur le cancer. « Cette concentration de compétences régionales donne une visibilité internationale à cette alliance qui a toutes les qualités pour devenir l’un des leaders mondiaux en cancérologie », indiquaient les différents acteurs du projet, lors de son lancement en 2012. « La coordination des laboratoires, des centres de recherche et des centres hospitaliers au sein du projet PACRI permettra de faire progresser plus rapidement les connaissances sur le cancer, sur des innovations en rupture thérapeutique, par l’intégration de données en génomique, épigénomique et biologie cellulaire, pour l’évaluation de nouveaux schémas thérapeutiques », ajoutaient-ils.

Le Dr Teillac insiste sur la volonté de tous les acteurs de donner la priorité à la recherche fondamentale translationnelle et se félicite de cette union des compétences entre deux grands centres de lutte contre le cancer et les hôpitaux de l’AP-HP. « D’une certaine manière, nous sommes un peu concurrents. Mais il y a des thèmes pour lesquels nous devons être capables de nous mettre autour d’une table et de travailler ensemble. C’est essentiel si on veut être compétitif à l’échelle européenne et internationale », estime le Dr Teillac. « PACRI réunit des équipes d’excellence dans leur domaine. En termes de production scientifique, nous sommes, ainsi réunis, les premiers en Europe, devant Londres. Avec cette alliance, nous allons atteindre une masse critique qui est indispensable et occuper l’une des toutes premières places à l’échelle mondiale », confirme le Pr Sigaux.

Dix millions d’euros.

Le projet PACRI (tout comme CAPTOR) est doté d’un financement de 10 millions d’euros. « C’est un budget qui nous a obligés à être très sélectifs sur les actions retenues. Nous sommes conscients qu’il y a eu des déçus, mais il faut que chacun sache que ce projet n’est qu’un début et que tout va monter en puissance au cours des prochaines années », ajoute le Pr Sigaux.

PACRI vise aussi à unifier les compétences des partenaires dans la formation notamment des doctorants et des post-doctorants et dans la formation continue des oncologues cliniques. « L’idée est de fédérer toute la formation des doctorants et post-doctorants d’Île-de-France et de créer une sorte d’école européenne d’oncologie qui puisse assurer de façon élitiste la formation permanente. Notre modèle sera l’European School of Hematology qui a été fondée par le Pr Michel Boiron », indique le Pr Sigaux.

D’après un entretien avec le Pr François Sigaux, président du cancéropôle d’Ile-de-France et de l’institut universitaire d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis, directeur-adjoint chargé de la formation au sein de PACRI et avec le Dr Pierre Teillac, directeur de la section médicale de l’institut Curie, Paris.

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 ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes