LE TEMPS DE LA MEDECINE
UNE BONNE approche des troubles de la mémoire, expliquent les neurologues, consiste à les classer selon leur mode d'installation et leur évolution. Il est ainsi possible de différencier les troubles d'installation aiguë ou subaiguë (qu'ils soient régressifs ou durables) des troubles d'installation progressive (isolés ou associés à d'autres signes neurologiques).
Ictus amnésique bénin.
Lorsque les troubles mnésiques surviennent de façon brutale ou subaiguë, leur caractère rapidement régressif fait évoquer un ictus amnésique bénin (ou amnésie transitoire globale). Parce qu'il est isolé et global, il peut être différencié d'autres affections. Il n'existe aucun autre signe neurologique. Toutefois peuvent s'y associer une prostration ou une apathie, une anxiété, mais le patient peut continuer son activité. En six à huit heures, le tableau s'atténue sans autre séquelle que l'amnésie de ce qui s'est passé au cours de l'épisode. A cette amnésie antérograde s'ajoute une amnésie rétrograde portant sur les heures précédant l'accident. L'affection, qui touche principalement les hommes d'âge mûr, est d'origine inconnue. L'épidémiologie relève simplement une incidence plus élevée chez les hypertendus et les migraineux.
D'autres troubles mnésiques peuvent être transitoires. IIs sont liés aux syndromes confusionnels, à l'épilepsie généralisée ou temporale, à certaines intoxications aiguës, aux traumatismes crâniens, avec perte de connaissance. Enfin, certains chocs affectifs peuvent réaliser des amnésies lacunaires d'origine psychogène.
Le syndrome de Korsakoff.
Si les circuits impliqués dans la mémorisation sont lésés par une pathologie, le trouble peut être durable. Classique, le syndrome de Korsakoff d'origine alcoolique succède à une encéphalopathie de Gayet-Wernicke. La carence en vitamine B responsable crée une amnésie antérograde massive, alors que la mémoire rétrograde est relativement conservée. Pour compenser le trouble, fausses reconnaissances et fabulations font leur apparition.
Associant, enfin, d'autres troubles neurologiques, des pertes de mémoire peuvent survenir de façon aiguë lors des AVC, des encéphalites herpétiques ou des traumatismes crâniens sévères.
D'autres diagnostics doivent être évoqués lorsque les troubles de la mémorisation s'installent progressivement. L'élément clé dans leur approche repose sur leur caractère isolé ou non.
« Mild Cognitive Impairment ».
Lorsque la plainte est isolée, elle peut n'être pas associée à un authentique déficit mnésique. La cause la plus vraisemblable est un trouble de l'ordre de l'anxiété généralisée ou du syndrome dépressif. Mais la perte de mémoire peut être également corrélée à un déficit mnésique modéré. Ici, un syndrome dépressif peut être suspecté de nouveau. Ce doute diagnostique justifie un traitement d'épreuve par antidépresseurs à dose et à durée efficaces. En cas d'échec thérapeutique, on peut évoquer un déficit cognitif léger ou « Mild Cognitive Impairment ». Il s'agit alors d'un patient de plus de 50 ans, dont les autres fonctions cognitives sont normales et chez qui le retentissement du trouble mnésique sur la vie quotidienne est modéré. Ces patients sont considérés à risque de maladie d'Alzheimer ; entre 8 et 15 % d'entre eux risquent d'en être atteints.
Troisième situation : le trouble mnésique isolé peut être avéré, alors que le patient s'en plaint peu. Il peut s'agit d'une tumeur ou d'une démence débutante.
Lorsque d'autres signes neurologiques accompagnent le trouble de la mémoire, tels qu'une atteinte de la marche et des troubles sphinctériens, une hydrocéphalie à pression normale doit être évoquée. En revanche, si l'atteinte mnésique s'inscrit dans un tableau de démence, le diagnostic de maladie d'Alzheimer vient en première ligne, en raison de sa fréquence. La perte de mémoire est inaugurale de l'affection et prédomine sur les faits récents.
Le trouble de la mémoire, enfin, peut entrer dans le cadre d'un syndrome parkinsonien.
Sources : R. Gil, « Neuropsychologie » 3e éd., Masson, 2003 ; S. Bakchine, « Mémoire » in « Traité de Médecine » 4e éd., P. Godeau, S. Herson, J.-C. Piette, Flammarion 2004.
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