Nous avions déjà le poisson-artilleur, la torpille ou gymnote électrique ; il paraît que nos eaux douces renferment aussi un poisson-médecin.
Il panse les « playes » et Dieu les « guarit », d’après la formule d’Ambroise Paré. De plus, comme il prépare ses médicaments lui-même, nos confrères en pharmacie peuvent aussi le revendiquer comme un poisson-potard ; tandis que d’autres, comme l’esturgeon, sont tout simplement des poissons alexipharmaques.
Ce poisson-guérisseur est la tanche, au corps visqueux ; véritable cataplasme vivant, au dire de M. Georges Pradel, le judicieux observateur de la « Vie en plein air ».
Quand un poisson quelconque est blessé, écrit cet auteur, qu’il a été piqué par un hameçon, mordu par une perche ou déchiqueté localement par un brochet, il part aussitôt à la recherche d’une tanche pour se procurer le mucilage salutaire qui a la vertu souveraine de guérir ses plaies. Il se frotte alors contre elle, trouvant dans la glu, dont son corps est enduit, une panacée à sa blessure. « La tanche est l’infirmière charitable des eaux », suivant ses pittoresques expressions. En tant que tanche, il était assez naturel qu’elle étanchât les plaies à vif ! Après tout, le taffetas d’Angleterre de nos grands-mères n’est-il pas, lui aussi, à base de colle de poisson ? Vessie natatoire de l’esturgeon ou enduit gluant du corps de la tanche, c’est toujours une bonne colle, sans jeu de mots.
(Dr Bougon, « La Chronique médicale », décembre 1907)
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