Une semaine d'émotion et d'apaisement

Le retour de la fierté nationale

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Publié le 20/07/2017
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Le reour de la fierté nationale

Le reour de la fierté nationale
Crédit photo : AFP

Ce qui est enthousiasmant, dans la politique étrangère du président de la République (sinon dans sa politique budgétaire et sociale), c'est qu'elle est axée sur la psychologie plutôt que sur le rapport de forces. On ignore les bénéfices qu'elle pourrait procurer et notre scepticisme national ne se satisfera guère de quelques flons-flons sans lendemain. Mais on ne peut pas récuser d'un mot une ambition présidentielle entièrement axée sur le pouvoir de persuasion. Il sait parfaitement que l'opinion française n'a pas une excellente opinion de Donald Trump, mais il s'efforce de convaincre son homologue américain que, pour lui et pour son pays, il n' y a de grandeur que dans le respect des grandes périodes historiques qui ont forgé l'influence américaine dans le monde. Cela se passe comme si M. Macron disait à M. Trump : « Mais l'Amérique, c'est ça ! C'est l'envoi d'un corps expéditionnaire en France en 1917 pour vaincre l'Allemagne. C'est la générosité et l'abnégation ». De sorte que l'isolationniste Trump ne saurait dire le contraire et qu'il est empêtré dans une terrible contradiction entre l'Amérique essentielle à laquelle il voulait tourner le dos et celle qu'il tente de mettre en place sans grand succès. Un Français qui rappelle à un Américain comment il doit se comporter, et qu'il n'est pas vraiment autorisé à trahir l'histoire de son pays, admettons que ce n'est pas banal.

M. Trump, qui a eu des mots méprisants pour la France, est maintenant contraint de dire qu'il a fait chez nous un voyage assez merveilleux pour lui faire oublier l'extrême état d'insécurité où selon lui, se trouverait notre société. Bien entendu, il y a des hommes et des femmes politiques et, pire encore, des journalistes pour critiquer l'invitation lancée à un homme qui a rejeté l'accord de Paris sur le climat, comme si un président de passage devait être confondu avec 310 millions d'Américains dont plus de la moitié figurent parmi ses opposants. La dénonciation systématique de toutes les initiatives gouvernementales est puérile. Ce sont les mêmes qui n'ont pas pipé mot quand Poutine a été reçu à Versailles, étant entendu que le maître du Kermlin est, lui, un parangon de vertu.

Un exceptionnel 14-Juillet

M. Trump, parti trop vite, a néanmoins manqué les deux clous de la soirée du 14 juillet, la cérémonie en hommage aux victimes de Nice et le concert du Champ-de-Mars diffusé par France 2. M. Macron, on est heureux de le dire, n'est pour rien dans le génie d'un programme acclamé par une foule que rien n'aurait empêché d'assister à un spectacle  à la fois magnifique et populaire qui aura été la meilleure réponse à tous les terroristes. Car la célébration de la beauté artistique est universelle et ceux qui tentent de la détruire ignorent qu'ils se privent de la première raison de vivre. Le même soir, à Nice, le président déclarait : « Je comprends cette colère (des familles des victimes) face à la puissance publique (...) L'Etat ne vous abandonnera jamais ». Car il y avait, au fond des âmes, cette mémoire vive du terrible attentat de Nice en 2016.

De même que le surlendemain était consacré aux victimes de la rafle du Vel' d'Hiv', journée plus particulièrement dédiée aux  milliers d'enfants juifs déportés et gazés dans les camps de la mort. Le président de la République, à cette occasion, a prononcé un discours qui laissera sans doute une trace, car il y a mis au moins autant d'émotion que de clairvoyance. « C'est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation. La France, en reconnaissant ses fautes, a ouvert la voie à leur réparation. C'est sa grandeur, c'est le signe d'une nation vivante ». Puis, la voix de M. Macron s'est étranglée quand il s'est adressé aux enfants disparus et à évoqué la vie qu'ils auraient pu avoir.

Inutile d'ajouter le moindre commentaire. Vendredi soir, au pied de la tour Eiffel, des ténors et cantarices internationaux, deux chorales, dont l'une composée de jeunes filles, et la foule immense assise dans l'herbe ont chanté une Marseillaise d'une puissance jamais égalée. Un moment de grâce.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin: 9597