LE SUNITINIB (Sutent, des Laboratoires Pfizer) appartient à une classe nouvelle de traitements anticancéreux que sont les inhibiteurs de tyrosine kinase. Il possède une double activité, une inhibition de l’angiogenèse et une inhibition de la prolifération tumorale. Cette thérapie, dite ciblée, au mécanisme d’action innovant agit de façon spécifique au niveau du mécanisme de développement des tumeurs et des métastases par «l’attaque de la cascade des signaux qui contrôlent la prolifération et la différenciation cellulaires».
La particularité de sunitinib est d’inhiber simultanément et sélectivement quatre récepteurs différents de facteurs de croissance (Vegf, Pdgf, SCF, FLT-3) situés à la surface de la cellule cancéreuse ou des cellules endothéliales des néovaisseaux, contrairement à d’autres thérapies ciblées inhibant un seul récepteur de facteurs de croissance.
Par cet impact multicible, le sunitinib a un double effet antitumoral et antiangiogénique. Il permet d’empêcher les cellules tumorales de détourner le système sanguin à leurs fins. On assiste à «une dévascularisation de la tumeur» visible par l’imagerie dynamique. Privées des substances nutritives nécessaires à leur développement, les cellules cancéreuses meurent. Le bilan est soit une régression en volume de la tumeur, soit une stabilisation de la maladie.
Les praticiens étaient très démunis.
«Les bénéfices cliniques, précise le Pr Stéphane Houdard, sont étonnants, dans le cancer du rein avancé et/ou métastasique où, jusqu’à maintenant, les praticiens étaient très démunis et les options thérapeutiques très limitées.»
L’extension d’indication européenne de Sutent est fondée sur les résultats d’une étude internationale de phase III présentée en juin dernier au congrès de l’Asco à Atlanta. Réalisée chez 750 patients atteints d’un cancer du rein métastatasé, «des patients tout-venant correspondant à la réalité», elle a comparé le sunitinib (375 patients) à un traitement standard, l’interféron alpha. De cette étude, il ressort une supériorité, une efficacité en première intention de Sutent par rapport au traitement par l’interféron alpha tant en taux de réponse (24,8 % versus 4,9 %, p < 0,000001) qu’en survie sans progression (47,3 semaines versus 24,9, p < 0,000001).
Contrairement aux traitements standards jusque-là utilisés, le sunitinib est administré par voie orale sous forme de gélules, un grand bénéfice pour les patients. Dans l’étude citée, Sutent a été administré à la dose de 50 mg/jour pendant 4 semaines suivies de 2 semaines de pause thérapeutique, jusqu’à la progression de la maladie ou une toxicité inacceptable.
Une adaptation de la posologie est possible.
Quant aux effets secondaires, ce sont essentiellement : fatigue, troubles digestifs et hypertension. On peut noter que 8 % des patients ont dû interrompre le traitement en raison d’effets secondaires, contre 13 % sous interféron. La gestion des effets indésirables par une adaptation de la posologie est possible du fait de la disponibilité de plusieurs dosages (12,5 mg, 25 mg, 50 mg). Cette dernière posologie (50 mg) est celle retenue pour l’AMM.
Le sunitinib devrait être mis à disposition prochainement dans les pharmacies de ville pour le traitement de première et de seconde intention du cancer du rein avancé et/ou métastasé, ainsi que pour le traitement de seconde ligne des tumeurs stromales gastro-intestinales (Gist). Sa prise en charge est à 100 % (« JO » du 21 décembre 2006).
Actuellement, ce médicament au fort potentiel qui a «révolutionné» le traitement du cancer du rein avancé et/ou métastasé bénéficie d’un important programme de développement clinique dans le cancer du rein en situation adjuvante ; dans le cancer du poumon non à petites cellules ; dans le traitement du cancer du sein associé à une autre thérapie ciblée, l’Herceptin ; en première intention avec une association sunitinib-docétaxel, dans les cancers rectaux métastasés, dans les hépatocarcinomes et les tumeurs neuro-endocriniennes.
D’après une conférence de presse organisée par les Laboratoires Pfizer avec, parmi les intervenants, les Prs Olivier Rixe (Paris) et Stéphane Houdard (Poitiers).
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