Dans un service de neurologie-psychiatrie en Italie

L’écriture créative pour humaniser les relations patients - soignants

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Publié le 12/09/2016
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Crédit photo : PHANIE

Au troisième étage de l’hôpital d’Alexandrie, où se trouve le département de neurologie-psychiatrie, se trouve une pièce que les médecins ont baptisée « la pièce de l’écriture créative ».

C'est un espace désormais qualifié d’essentiel, car c’est ici que les patients mais aussi le personnel médical libèrent leur âme et leur esprit à travers l’écriture. « L’écriture aide les personnes à se sentir mieux dans leur peau, elle facilite aussi la relation médecin-patient », estime le médecin Antonio Maconi, membre du groupe de travail de la structure hospitalière, qui a inauguré cette pièce en 2013.

Au départ, l’objectif était de tester cette fameuse « médecine narrative », décrite par certains psychologues et psychiatres comme la méthodologie permettant d’établir un diagnostic efficace. « À travers la narration, le patient raconte sa propre expérience, le contact qu’il a avec sa maladie pour le partager avec son médecin », explique le Pr Patrizio Bernini, ancien chef de service de l’hôpital Saint Jean de Latran, aujourd'hui retraité.

La mort, la vie, la peur

Mais la direction de l’hôpital d’Alexandrie a décidé d’aller plus loin, en invitant les membres du personnel médical et paramédical à se lancer eux aussi dans l’écriture, également installés dans la « pièce de l’écriture créative ».

Pour stimuler les écrivains en herbe, les responsables du projet ont organisé un concours, intitulé « raconte ton histoire ». Le jury, composé de cinq membres et présidé par l’écrivain journaliste Roberto Cotroneo, devra départager les auteurs.

L’idée semble plaire - l’infirmière en chef de l’unité coronaire du département de cardiologie ayant déjà fait parvenir son premier manuscrit au jury. Il s'agit d'une véritable introspection, motivée par l'accident d'un jeune homme âgé de 28 ans. « Pendant une partie de football, il a eu une crise d’arythmie cardiaque maligne. Un médecin qui assistait au match lui a sauvé la vie. On lui a implanté un défibrillateur », raconte Antonella Barbierato, qui a choisi cet épisode comme point de départ. Un récit qui parle de la mort et de la vie, de la peur de celui qui a cru partir prématurément, sans savoir à quoi ressemblerait l’épilogue. Pour cette infirmière, réussir à se confronter à ce type de situation, assimiler toutes les émotions et les raconter fait partie d’un bon protocole médical.

De notre correspondante en Italie Ariel F. Dumont

Source : Le Quotidien du médecin: 9516