Ménopause et troubles cognitifs

L'effet protecteur de l’estradiol 

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Publié le 08/06/2017
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On sait que le THM prescrit dans les années qui suivent la ménopause (fenêtre d’intervention) associé à la prise en charge des facteurs métaboliques et à un mode de vie adapté, permet de réduire le risque cardiovasculaire qui joue un rôle clé dans le déclenchement de la maladie d’Alzheimer.

Si les études randomisées perspectives n’ont pas permis de confirmer l’impact du THM dans la prévention du déclin cognitif, des études observationnelles tendent cependant à montrer son intérêt. Premier argument : la maladie d’Alzheimer touche de façon égale les hommes et les femmes jusqu’à l’âge de 75 ans, mais, au-delà, les femmes sont beaucoup plus nombreuses à être affectées, ce qui pourrait suggérer le rôle préventif des estrogènes. Leur taux diminue certes au moment de la ménopause mais l’imprégnation se poursuit pendant des années, ce qui expliquerait que la différence entre les sexes n’apparaissent que tardivement. « De plus, il a été observé que les femmes qui présentaient de nombreux symptômes au moment de la ménopause étaient plus à risque de déclin cognitif, si elles ne bénéficiaient pas d’une hormonothérapie substitutive, par rapport aux femmes ayant peu de manifestations vasomotrices », a déclaré le Pr Florence Pasquier (neurologue, CHRU de Lille) lors du 2e « Printemps de la ménopause » organisé par le GEMVI (Groupe d’étude de la ménopause et du vieillissement hormonal). Autre argument : une ménopause précoce, surtout si elle est induite par une ovariectomie bilatérale, s’accompagne d’une accélération du déclin cognitif. Un traitement estrogénique administré au moins jusqu’à l’âge de 50 ans, annule ce sur-risque.

Agir en amont

Par ailleurs, une étude très récente (mars 2017) vient de montrer que les femmes finnoises traitées par 17b estradiol avaient un risque de décès attribuable à un trouble neurocognitif majeur (ou démence) moindre que les femmes non traitées : 37 % de moins de démences vasculaires et 17 % de moins de maladie d’Alzheimer, quelle que soit la voie d’administration. Ce traitement évite 10 décès par démence vasculaire et 5 décès par maladie d’Alzheimer en traitant 10 000 patientes pendant 5 ans (1). Une autre étude intéressante est l’étude américaine KEEPS, randomisée vs placebo, conçue à la suite de la WHI et qui a comparé l’effet vasculaire et métabolique des estrogènes conjugués équins et de l’estradiol transdermique (E2td) chez des femmes récemment ménopausées en bonne santé. Seul l’E2td s’est accompagné d’une diminution de l’insulinorésistance dont on connaît le rôle dans la prédisposition et l’aggravation d’une maladie d’Alzheimer. Un sous-groupe de cette étude a bénéficié d’une étude par imagerie (PET Scan) permettant l’évaluation des dépôts de protéines β amyloïde cérébrale. Seul l’E2td s’accompagne d’une diminution de ces dépôts comparativement aux femmes sous placebo ou traitées par estrogènes équins (2). « Il s’agit d’un élément fort en faveur d’une protection par l’estradiol de la maladie d’Alzheimer, mais qui mérite bien sûr d’être confirmée à une plus large échelle », a expliqué le Dr Gabriel André (gynécologue-obstétricien, Strasbourg). Enfin, les troubles du sommeil peuvent précéder, accompagner et aggraver les maladies neurodégénératives et il a été également montré que ces troubles pouvaient être améliorés par un THM et ce d’autant mieux qu’il contient de la progestérone naturelle. Autant de pistes de recherche à confirmer…

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9587