Polyarthrite rhumatoïde

Les anti-TNF pourraient protéger de l’insuffisance cardiaque

Publié le 11/12/2014
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Les patients atteints de PR ont un risque d’insuffisance cardiaque augmenté

Les patients atteints de PR ont un risque d’insuffisance cardiaque augmenté
Crédit photo : PHANIE

L’objectif de cette étude était de comparer l’incidence de l’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) traités par anti-TNF ou par traitement de fond conventionnel. À partir du registre britannique de la British Society for Rheumatology Biologics Register (BSRBR), la survenue d’une poussée d’insuffisance cardiaque a été rapportée chez 397 patients. Après exclusion des insuffisances cardiaques secondaires à des pathologies rythmiques, ischémiques, valvulaires ou pulmonaires, 87 cas d’insuffisance cardiaque répondant aux critères de Framingham ont été confirmés par un cardiologue. On retrouvait 39 cas chez les 12 397 patients traités par anti-TNF et 48 chez les 3 662 patients traités par traitement de fond conventionnel soit une incidence de 6,3 (4,6-8,6) versus 25,7 (19,5-34,4) pour 10 000 patients années dans les groupes anti-TNF et traitement de fond conventionnel, respectivement. Les patients du groupe anti-TNF étaient plus jeunes (56±12 versus 60±12 ans), avaient un DAS28 et un HAQ plus élevés (6,5±1,1 versus 5,1±1,3 et 2,0±0,6 versus 1,5±0,8, respectivement) et une durée d’évolution plus longue (11 [6-19] versus 6 ans [1-15]) que les patients sont traitement de fond conventionnel. Les antécédents cardiovasculaires étaient similaires entre les deux groupes avec 30 versus 32 % d’hypertension artérielle, 6 versus 7 % de diabète et 62 versus 64 % de fumeurs. Parmi les patients traités par anti-TNF, 44 % étaient traités par corticoïdes (versus 23 % dans le groupe traitement de fond conventionnel), 7 % par antilipémiant (versus 14 %) et 8 % par anti-agrégant plaquettaire (versus 13 %). Après ajustement multiple (sur âge, sexe, DAS28, durée de la PR, HAQ, corticothérapie, AINS, traitements cardiovasculaires, facteurs de risque et antécédents cardiovasculaires), le risque d’insuffisance cardiaque sous anti-TNF était diminué de 75 % chez les patients traités par anti-TNF par rapport à ceux ne recevant que des traitements de fond conventionnels (HR = 0,25 [IC95 0,14-0,44]). Après exclusion des patients ayant eu des événements cardiaques ischémiques, le risque d’insuffisance cardiaque restait significativement diminué de 70 % chez les patients traités par anti-TNF.

CHRU Montpellier

(1) van Sijl A, présentation orale 1909

Les anti-TNF sont contre-indiqués chez les patients ayant une insuffisance cardiaque modérée à sévère (NYHA III ou IV). Ceci vient du fait que, sur quatre essais randomisés portant sur l’effet des anti-TNF dans l’insuffisance cardiaque modérée à sévère, une augmentation non significative de la mortalité avait été constatée dans le groupe infliximab à fortes doses (10 mg/kg). Pour l’etanercept et l’infliximab aux doses habituellement utilisées dans la PR, aucun effet n’avait été noté. Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) ont un risque d’insuffisance cardiaque augmenté par rapport à la population générale. Il s’agit essentiellement d’insuffisance cardiaque à fonction systolique conservée secondaire à une hypertrophie ventriculaire gauche. Ce risque est d’autant plus important que la CRP et le DAS28 sont élevés. Les anti-TNF, en contrôlant l’inflammation, pourraient donc avoir un effet bénéfique. C’est ce que suggère cette étude. Une autre étude avait trouvé des résultats comparables avec un risque d’insuffisance cardiaque de 3,1 % chez 5 832 patients traités par anti-TNF contre 3,8 % chez 7 339 patients sous traitement de fond conventionnel (p ‹ 0,05) [2]. Ceci pourrait s’expliquer par une diminution de la masse ventriculaire gauche et un gain de fonction diastolique sous anti-TNF (2).

CHRU Montpellier

(2) Wolfe F et al. Am J Med. 2004;116:305-11

(3) Daien C et al. 2013;72:881-7

Dr Claire Daien

Source : Congrès spécialiste