L’union fait la force

Les CeGIDD devraient voir le jour début 2016

Publié le 30/03/2015
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C’est en principe au 1er janvier 2016 que devraient être mis en place les CeGIDD.

Un nouveau sigle que les infectiologues devraient vite apprendre à connaître. Les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections sexuellement transmissibles, résulteront de la fusion des centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) et des centres d’information de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST). « Cela fait déjà un certain temps que cette fusion était dans les tuyaux. Plusieurs rapports (plan national VIH/sida, rapports Morlat, Igas…) remis ces dernières années préconisaient d’aller dans ce sens. Et une large concertation a été conduite sous l’égide de la Direction générale de la santé (DGS) », souligne Thierry May, professeur d’infectiologie et chef du pôle des spécialités médicales du CHU de Nancy.

Historiquement, les CIDDIST étaient placés sous la tutelle des conseils généraux. « Les départements avaient aussi la responsabilité des centres de vaccination et des centres de lutte antituberculeux. Il y a une dizaine d’années, l’État a laissé le choix aux départements : soit continuer à assurer ces missions, soit s’en dessaisir, notamment au profit des structures hospitalières. C’est ainsi qu’au niveau du service des maladies infectieuses du CHU de Nancy, nous avons récupéré le centre de vaccination et le CIDDIST et nos collègues pneumologues du centre de lutte antituberculeux », précise le Pr May.

Aujourd’hui, le système est un peu complexe, avec des situations très différentes d’un endroit à l’autre. « Il existe des CDAG et des CIDDIST seuls et des sites où les deux structures cohabitent », précise le Pr May. Actuellement, on recense ainsi 76 CDAG à gestion hospitalière et 19 localisés sur des sites à gestion non hospitalière. De la même façon, il existe 17 CIDDIST sur des sites à gestion hospitalière et 7 sur des sites à gestion non hospitalière. Mais, dans la très grande majorité des cas, les structures sont communes. On recense 144 CDAG-CIDDIST sur des sites à gestion hospitalière et 105 sur des sites non hospitaliers. « Tout cela est un peu source de confusion et parfois on ne sait pas si on doit orienter le patient vers le CDAG ou le CIDDIST », constate le Pr May.

La fusion, validée par les autorités sanitaires, poursuit plusieurs objectifs : accroître l’accessibilité et la qualité de l’offre de prévention et de dépistage et mieux garantir la continuité du parcours de soins ; simplifier le régime juridique et financier ; faciliter le pilotage et le suivi. « Le coût annuel du dispositif est estimé à environ 54 millions d’euros (en 2013) et la fusion ne devrait rien changer au montant de l’enveloppe », indique le Pr May, en précisant que les futurs CeGIDD bénéficieront d’un financement unique par l’Assurance-maladie sous la forme d’une dotation forfaitaire annuelle.

Diagnostic, consultation, prévention

En principe, les CeGIDD devraient fonctionner sur un système à deux niveaux coordonné par les agences régionales de santé, avec des structures de première ligne et de référence. Les structures de première ligne seraient chargées des missions de dépistage, de diagnostic et de traitement des IST simples ainsi que de la prévention collective et des interventions hors les murs. « Les structures de référence, elles, devraient assurer les mêmes missions de dépistage, diagnostic et traitement de l’ensemble des IST. Elles proposeraient aussi des consultations spécialisées, assureront de la prévention collective et des interventions hors les murs. Enfin, ces structures de référence devraient coordonner l’action des structures de première ligne et assumeraient des missions d’expertise », précise le Pr May.

Les CeGIDD devront aussi mener un certain nombre de missions dans le domaine de la santé sexuelle, notamment la prévention des grossesses non désirées. « Ces centres pourront par exemple délivrer la pilule du lendemain. Ils pourront aussi prévenir ou détecter des violences sexuelles ou des violences liées à l’orientation sexuelle », indique le Pr May en précisant que les structures de première ligne devront comporter au minimum un médecin ayant une expérience dans la prise en charge du VIH, des hépatites virales et des IST ainsi qu’un infirmier, un secrétaire, un assistant social et un coordonnateur. « Les structures de références devront comporter, en complément la possibilité d’avoir recours à un infectiologue, un gynécologue, un sexologue, un urologue, un hépatologue, un dermatologue ainsi qu’un psychologue. Tous ces professionnels n’auraient pas besoin d’être là en permanence, mais pourront assurer des vacations certains jours de la semaine », précise le Pr May.

D’après un entretien avec le Pr Thierry May, professeur d’infectiologie et chef du pôle des spécialités médicales du CHU de Nancy
Antoine Dalat

Source : Bilan spécialiste