Une étude caennaise avec simulateur de conduite

Les dangers du volant après une nuit de garde

Publié le 12/06/2012
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Crédit photo : S Toubon

GRÂCE À L’UTILISATION de simulateurs capables de reproduire la conduite automobile de ville, sur autoroute et des scénario d’accidents, le Dr Ségolène Arzalier-Daret (CHU Caen) a étudié les performances de 30 jeunes internes en anesthésie. L’ordre de passage sur le simulateur après nuit de garde ou une nuit normale était randomisé. Toutes les mesures obtenues pendant ces tests noturnes étaient transmises à un laboratoire d’analyse à 8 heures du matin. Au cours de la simulation, les participants conduisaient 15 minutes « en ville » et 60 minutes « sur autoroute », à 110 km/h, de façon très monotone.

L’équipe caennaise a analysé les temps de réaction, la vitesse moyenne et le nombre d’accidents dans ces deux conditions.

« Nous avons trouvé des différences notables entre les deux conditions : la privation de sommeil fait conduire moins vite en ville, de 2 km/h en moyenne, par rapport à une nuit normale, vraisemblablement parce que les participants savent eux-mêmes leur vigilance altérée », indique au Quotidien le Dr Ségolène Arzalier-Daret. Les déviations latérales ou, en d’autres termes, la possibilité de garder une ligne droite, et les variations de vitesse, étaient statistiquement plus fréquentes en cas de dette de sommeil lors de la conduite sur autoroute. « De plus, la réversibilité des anomalies n’est pas immédiate et elles persistent le surlendemain de la garde. » 

Les solutions sont diverses sans qu’aucune n’ait été complètement validée : se reposer un peu à l’hôpital avant de reprendre le volant en particulier lorsque le temps de trajet excède 20 minutes, qui semble être le seuil avant qu’apparaissent les troubles de la conduite. Ce qui semble simple mais n’est pas si facile car la vie de l’hôpital repend, le ménage des chambres et le bruit de l’activité des services.

Boire une tasse de café une heure avant de conduire, efficace chez les personnes sensibles à la caféine, ou une autre venant des constructeurs automobiles, équiper toutes les voitures d’alertes électroniques en cas de mouvements latéraux anormaux du véhicule.

« Nous savons qu’un pic d’accidents de la route survient vers 8-9 heures du matin et il est donc préoccupant que les roulements de garde se fassent vers cet horaire », conclut le Dr Ségolène Arzalier-Daret dont l’étude était aussi motivée par l’accident d’un interne, survenu le lendemain d’une nuit de garde.

Euroanesthesia 2012, 9-12 Juin, Paris

 Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9140