PLUSIEURS consultations spécifiques « peau noire » ont été créées depuis deux ans en région parisienne. L'étude réalisée par dix dermatologues dans quatorze consultations entre le 15 février et le 15 mai 2004 vient d'être publiée. Elle porte sur 836 adultes (âge moyen de 32 ans) et 228 enfants originaires pour moitié d'Afrique et pour moitié des Antilles. Neuf cent vingt diagnostics ont été portés : un diagnostic chez 759 patients, deux chez 70 et trois chez 7.
«En France, comme dans les autres pays industrialisés, les sujets noirs consultent en dermatologie essentiellement pour des dermatoses communes et cosmopolites, ce que l'on observe également chez les sujets à peau claire.» Ainsi, l'acné a constitué le motif de consultation le plus fréquent chez les adultes (29,2 % des diagnostics) et au 3e rang chez les enfants (13,2 %). L'acné est aussi un motif de consultation fréquent dans les consultations chez les sujets à peau claire. Dans la population étudiée, le caractère pigmentogène de l'acné a été noté chez 129/269 malades.
Les eczémas concernent 6,8 % des diagnostics adultes et 27,2 % des enfants. La dermatite atopique est le diagnostic le plus fréquent chez les enfants.
On note la fréquence des affections du cuir chevelu, aussi bien chez l'adulte (alopécies : 7 % des diagnostics) que chez l'enfant (teigne : 9,6 % et alopécies 3,6 %). Une proportion importante des alopécies est due aux méthode de coiffage et de défrisage.
Présentation dyschromique.
Certains problèmes spécifiques, comme la prédominance de la présentation dyschromique de nombreuses dermatoses, les maladies pilaires et les effets secondaires de la dépigmentation volontaire, doivent être soulignés.
Sous le terme de dyschromie ont été groupés les pigmentations postinflammatoires, certaines variations physiologiques de la pigmentation normale ressenties comme pathologiques, les cas d'hypomélanose maculeuse progressive (appelée aussi dyschromie créole) et de mélasma.
On note qu'il existe une présentation souvent dyschromique de dermatoses communes. «Nos résultats montrent qu'il existe en France des dermatoses spécifiques des sujets à peau noire en dehors de toute pathologie infectieuse d'importation.» Et des affections connues pour être plus fréquentes sur les peaux noires figurent bien parmi les diagnostics portés dans cette étude : chéloïdes, dermatosis papulosa nigra, maladies pilaires, incarnation pilaire de la barbe, folliculites fibrosantes de la nuque, cellulites disséquantes du cuir chevelu avec aussi les alopécies mécaniques.
Une autre atteinte spécifique est constituée par les dyschromies, qui représentent plus du quart des motifs de consultation.
Des signes cliniques de dépigmentation volontaire (voir encadré) ont été décelés chez 95 malades, alors que 65 malades ont déclaré une utilisation volontaire de produit dépigmentant. Trente femmes avaient des manifestations cutanées liées à la pratique de dépigmentation volontaire, alors qu'elles niaient l'usage de tels produits.
«Nous avons porté une attention particulière à la dépigmentation volontaire, connaissant les complications potentielles.»
A. Arsouze et coll. « Annales de Dermatologie et de Vénéréologie », tome 135, n° 3, mars 2008, pp. 177-182.
La dépigmentation volontaire
Des signes physiques pouvant évoquer une dépigmentation volontaire ont été recherchés : l'hétérogénéité pigmentaire du dos des mains, une acné, une atrophie cutanée, des télengiectasies, une poïkilodermie, des vergetures, une achromie en confettis, une hyperpigmentation péri-orbitaire, une ochronose exogène, des oreilles bleutées, une hypertrichose. Parmi ces signes on reconnaît les complications dues à l'usage des dermocorticoïdes.
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