Répercussions négatives du cancer sur la santé sexuelle

Les difficultées sexuelles insuffisamment évaluées et expliquées

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Publié le 18/04/2019
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sexe et cancer

sexe et cancer
Crédit photo : PHANIE

Les difficultés sexuelles sont insuffisamment évaluées et expliquées alors que leur prise en charge devrait faire partie intégrante de celle du cancer.

Une étude a été menée chez 60 personnes - 33 femmes et 27 hommes, âgés pour les trois-quarts de 31 à 60 ans - avec des entretiens semi-directifs au cours du traitement ou chez des patients en rémission complète depuis moins de deux ans. La baisse de la libido domine les troubles puisqu’elle concerne 87 % des patients, ainsi que l’altération de l’image corporelle et la remise en cause de leur capacité de séduction (87 %). Chez les femmes, on retrouve 90 % de dyspareunie et chez les hommes 78 % de dysfonction érectile.

Dans la plupart des cas le désir sexuel et l’imaginaire érotique sont compromis pour des raisons organiques ou psychologiques. La perte de l’intégrité corporelle, l’altération de l’image du corps et les doutes sur la capacité de séduction sont liés aux conséquences induites par la tumeur ou les évènements secondaires des traitements.  Elle est très variable selon les individus et mal corrélée à la gravité de l’atteinte physique.

Plus de 50 % des personnes ressentent des angoisses liées à la mort ou aux représentations du cancer qui inhibent le désir sexuel. Il faudrait aussi s’intéresser de plus près à la fatigue physique et psychologique, présente chez 50 à 70 % des patients et qui constitue un réel frein à la sexualité. « Cette fatigue va inhiber l’imaginaire érotique ainsi que les fantasmes, diminuant tout attrait pour la sexualité », insiste Sébastien Landry, sexothérapeute (Le Mans).

La dyspareunie peut être liée au déséquilibre hormonal du fait des traitements, avec, en particulier une sécheresse ou un manque de tonicité au niveau vaginal, mais aussi à la baisse de la libido, à un manque d’estime de soi, à la sensation d’une perte de la féminité ou encore à des troubles anxiodépressifs. De même la dysfonction érectile relève de causes organiques ou psychologiques souvent intriquées. Elle est souvent sous-tendue par l’angoisse de performance qui inhibe le désir sexuel.

Une autre étude montre que des interventions d’oncosexualité menées de façon précoce au cours de la radio-curiethérapie permettent d’améliorer la vie sexuelle des patients atteints de cancer.

12 e assises de sexologie et santé sexuelle

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9742