Carcinome hépatocellulaire

Les facteurs de risque

Publié le 01/10/2015
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Le cancer primitif du foie (carcinome hépatocellulaire [CHC]) est le troisième cancer digestif le plus fréquent en France (après ceux du côlon et du pancréas), soit environ 8 500 nouveaux cas par an. Son pronostic reste sombre puisque les CHC représentent la quatrième cause de décès par cancer en France, tous organes confondus. Il est donc important de connaître les facteurs de risque de CHC afin d’identifier des populations pouvant bénéficier d’un dépistage.

Une large majorité des CHC (plus de 90 %) survient sur une maladie chronique hépatique, généralement au stade de cirrhose (80 à 85 % des cas). Toutes les cirrhoses exposent donc au développement d’un CHC et justifient un dépistage semestriel échographique. Néanmoins, certaines étiologies de maladies chroniques du foie sont particulièrement pourvoyeuses de CHC. Les facteurs de risque les plus importants sont les infections par le virus de l’hépatite B (surtout en Afrique et en Asie de l’est) et de l’hépatite C dans les pays occidentaux (60 % des cas dans les pays d’Europe du sud). Les cirrhoses d’origine alcoolique sont également à haut risque de dégénérescence ; en France, une consommation excessive chronique d’alcool est identifiée chez environ 2/3 des patients avec CHC. L’existence d’une hémochromatose – principalement au stade de cirrhose- entraîne un risque de développer un CHC de 45 %. Enfin, en Afrique et Asie, l’exposition à l’aflatoxine B1 (parasite des céréales) est une cause classique de CHC

De nouveaux facteurs de risque ont été identifiés plus récemment et pourraient devenir prépondérants dans les années à venir, compte tenu de la meilleure maîtrise actuelle des infections virales B et C. Ce sont :

- l’obésité et ses complications (diabète, syndrome métabolique...) via son retentissement hépatique (stéatohépatite non alcoolique et cirrhose) ;

- l’intoxication tabagique qui intervient au moins comme cofacteur de risque selon des études épidémiologiques récentes.

La plupart de ces facteurs de risque peuvent également avoir une action carcinogène directe rendant compte de la majorité des cas de CHC développés sur foie non cirrhotique, voire sur foie non fibreux. Ceci est bien établi pour l’infection virale B, justifiant un dépistage même en l’absence de cirrhose chez les patients qui ont une hépatite B active ou des antécédents familiaux de CHC.

Un terrain prédisposant

De façon plus récente une étude cas-témoins multicentrique française, présentée aux JFHOD 2015 suggère que le diabète, l’intoxication alcoolique et l’intoxication tabagique sont également des facteurs de risque de développer un CHC en l’absence de maladie hépatique sous-jacente significative (absence de fibrose).

Il y a probablement dans ce cas un terrain prédisposant (polymorphismes génétiques favorisants ?) dont l’identification sera importante afin de mieux définir la population à risque de CHC éligible à un dépistage systématique.

Hôpital Saint-André, CHU Bordeaux
Pr Jean-Frédéric Blanc

Source : Bilan spécialiste