Le Dr Christophe S est médecin généraliste à Champigny-sur-Marne et enseignant à la Faculté de médecine de Créteil. Plus encore que dans les héros de romans médecins, il se reconnaît dans les médecins qui soignent par l’écrit.
On trouve beaucoup de personnages de médecins dans la littérature et ces lectures peuvent vous marquer plus qu’on ne le pense. Cela a-t-il été le cas pour vous ?
Il est très difficile de voir comment on a été influencé par une lecture. En fait, ce qui est intéressant dans la littérature, c’est de voir comment les médecins peuvent gérer la culpabilité, l’angoisse, la hantise de mal faire, la peur de se tromper… Je me suis reconnu dans ces sentiments, propres au médecin je pense. C’est intéressant aussi quand un médecin décide d’écrire sur son boulot, soit à travers des récits, soit sous le trait d’un personnage « fictionnisé ». Je pense ainsi à un livre que j’ai lu il y a longtemps, « Le Passage » écrit par un médecin lyonnais, Jean Reverzy. On s’y aperçoit qu’il est dur de soigner quand le patient fait partie de notre intimité et qu’il nous met face à sa lente agonie. Il est impossible aussi de ne pas songer au « Voyage au bout de la nuit ». Céline, ce n’est quand même pas n’importe qui ! On ne veut pas être ce médecin-là mais il intéresse. Ce médecin dépressif nous dérange parce qu’il est tout ce qu’on ne veut pas être, mais peut-être aussi, parce qu’il nous fait penser à ce qu’on est un peu quand même, parfois… Tous les médecins que j’ai rencontrés dans la littérature n’ont pas eu une réelle influence sur moi, mais ils ont constitué peut-être des aides à penser…
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Les blogs écrits par des médecins ont la cote auprès des médecins, les jeunes surtout. Vous écrivez, vous aussi ?
J’ai écrit, quand j’étais plus jeune, des pièces de théâtre. Plus maintenant. Mais je reste passionné par la littérature et l’écriture. J’enseigne à la fac aussi sur la relation médecin-malade et la psychologie médicale. Mon souhait serait de créer un prix littéraire pour les étudiants en médecine. Mon idée est que si les futurs médecins écrivent, sur une fonction, un organe, un patient ou un cas, ce travail va leur apprendre autre chose que l’aspect purement scientifique de la médecine. Par exemple, on apprend quand on est étudiant tout ce qu’il y a à savoir sur le cœur, l’épaisseur de la paroi, du ventricule gauche… Ce qui est intéressant à travers l’écriture et la subjectivité, c’est de voir ce que représente le cœur pour nous. De développer l’empathie. Si on aborde un organe, un patient autrement que par le prisme purement médical, on va avoir tendance à se rapprocher des patients qui ont un imaginaire sur la médecine, sur la maladie, sur la santé…
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