Les médecins italiens s'inquiètent de la multiplication des médecines alternatives

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Publié le 13/09/2016

Après la mort de trois Italiens qui refusaient la chimiothérapie, la communauté médicale se mobilise.

Eleonora Bottaro venait d'avoir dix-huit ans. Elle est morte il y a quelques jours d'une leucémie, ses parents ayant refusé avec son consentement le protocole médical incluant des cycles de chimiothérapie et opté pour des traitements alternatifs. Trois jours plus tard, une autre jeune femme âgée de trente-quatre ans, entrepreneuse et mère de deux enfants, est morte d'un cancer au sein. Elle avait refusé les cycles de chimiothérapie et opté pour la méthode Hamer, le traitement à base de plantes et de psychothérapie mis au point par un médecin allemand radié à vie. Toujours la semaine dernière, un homme de soixante ans est mort pour des raisons identiques.

Appel à une campagne de sensibilisation

Face à ces 3 morts, la communauté médicale appelle à se mobiliser. « Il faut lancer une campagne de mobilisation pour vaincre la peur des patients qui considèrent la chimiothérapie comme un traitement dévastateur. La recherche a fait beaucoup de progrès, les traitements ne sont plus aussi lourds qu'auparavant », affirme Umberto Veronesi, ancien ministre de la Santé et cancérologue. Une opinion partagée par de nombreux médecins qui réclament aussi la mise en place d'un plan de censure sur Internet où se multiplient les forums organisés par les nouveaux guérisseurs. À Rome, le Dr Alessandro Sabatini confie avoir une dizaine de patients, des personnes âgées de soixante ans environ, qui refusent les soins lourds. « Nous n'avons aucun moyen de pression à part ceux de la persuasion. Les gens sont libres de choisir ce qu'ils veulent faire de leurs corps. Et malheureusement, le recours aux thérapies alternatives augmente d'année en année », déplore le Dr Sabatini.

Face à la multiplication de ces nouvelles médecines, l'association ANT, qui s'occupe des patients porteurs de tumeurs, tire la sonnette d'alarme. « J'ai vu des patients suivre des traitements absurdes à base de venin de scorpion ou de cartilage de requin ! Les médecins doivent intervenir sur l'opinion publique, dénoncer et convaincre », explique Alessandra Tzolas de ANT.

Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr