De notre correspondante
D EPUIS que les réseaux SIDA ont fait leurs preuves, ce mode de coordination entre libéraux et hospitaliers et entre sanitaire et social est présenté comme l'une des principales réponses aux différents problèmes de prise en charge de patients spécifiques.
Qu'il s'agisse de la santé des jeunes, de celle des populations précaires, de l'hépatite C, des urgences, et plus encore de la prise en charge du vieillissement normal ou pathologique, les participants à la conférence de santé PACA ont encouragé les réseaux existants et souhaité qu'on en crée d'autres. Non sans avoir mis en garde contre les faux réseaux, créés en quelques semaines par des compagnies d'assurance-retraite par exemple, dans le seul but de « faire de l'argent ».
Le domaine du vieillissement, qu'il soit ou non pathologique, appelle particulièrement cette coordination entre les nombreux intervenants aux statuts très différents et avec les institutions susceptibles de prendre en charge, à un moment ou à un autre, la personne âgée. A entendre les promoteurs des réseaux les plus complets qui se mettent en place dans la région, les réunions ont été nombreuses, avec des participants dévoués et ceux qui frappaient à toutes les portes pour obtenir les financements minimaux nécessaires étaient déterminés. Beaucoup ont souligné la nécessité de rétribuer le temps de concertation des professionnels de santé libéraux, afin de pouvoir en mobiliser davantage.
L'importance du maintien à domicile
Infirmières et médecins libéraux sont venus témoigner de l'importance du maintien à domicile. Le Dr François Chrétien, généraliste à Marseille et représentant de l'union régionale des médecins libéraux, a particulièrement insisté sur le rôle capital qu'ils jouent tant pour le patient que pour son entourage, s'ils repèrent une obésité ou un risque familial, et a vigoureusement défendu la visite à domicile, « acte de prévention ».
Un financement dégressif sur 5 ans
Le rôle essentiel des généralistes dans les réseaux ne leur a été contesté par aucune des autorités sanitaires présentes à cette conférence, mais il reste la question plusieurs fois posée dans la salle et non encore totalement résolue : « Qui paie ? ».
La caisse régionale a ainsi agréé neuf réseaux sur l'ensemble de la région PACA, mais son financement est dégressif sur cinq ans. Elle délègue par ailleurs des assistantes sociales pour un suivi sur le terrain et met en place une formation des coordinateurs de réseaux. En outre, il faut rendre les réseaux facilement accessibles, « même à 21 heures, lorsque le généraliste constate une grippe chez un octogénaire qui vit seul ». Chef du service de gériatrie du CHU de Nice, le Dr Patrick Brocker a témoigné du désarroi des médecins de ville qui, par précaution, font hospitaliser ce type de patient. « Il en coûte alors 3 500 F à l'assurance-maladie, alors que pour 250 F, on pourrait appeler quelqu'un qui aille chercher des comprimés, les fasse avaler au grand-père et le surveille quelque temps ». Pour lui aussi, « le généraliste devrait être le premier à faire de la prévention : prévention des chutes, des polymédicalisations, de la dénutrition, des dépressions, de la confusion mentale, et même des cors aux pieds, autant de signes de vieillissement qui, pris isolément, ne sont pas tous graves, mais qui conduisent peu à peu à la dépendance ». Le réseau devrait lui permettre de trouver facilement le bon interlocuteur, qu'il s'agisse d'un centre expert, d'un pédicure, d'une auxiliaire de vie ou d'un plombier.
Un réseau performant
Le réseau gérontologie de l'association Alp-Age est l'un des plus complets de la région PACA. Il a été ouvert en 1998 après cinq années d'efforts et de concertation avec les professionnels, les associations de familles et les services sociaux d'une vingtaine de communes des Alpilles.
Outre les professionnels de santé libéraux et hospitaliers, il regroupe sept maisons de retraite et deux hôpitaux à vocation gériatrique, ayant tous signé une charte de qualité. Il s'est doté d'un comité d'évaluation, paie deux coordinatrices et peut prendre en charge toute personne de plus de 60 ans, quel que soit son régime de retraite.
Ce réseau fonctionne avec des crédits de la CRAM du Sud-Est, du conseil régional, du conseil général et des municipalités, ainsi que différentes aides privées, associatives ou mutualistes.
Chaque mois, une réunion permet aux intervenants concernés d'étudier ensemble les dossiers de patients les plus difficiles, présentant la plupart du temps des problèmes d'ordre social (isolement, manque d'argent, maltraitance) ou nécessitant un changement de structure de prise en charge. En 1999, l'association a reçu 200 demandes d'intervention, et autant en 2000, dont la moitié exige un suivi.
Parallèlement au renforcement des actions de maintien à domicile, le réseau Alp-âge est un centre d'information et d'orientation disposant d'une banque de données en temps réel sur les places d'accueil des environs. Il souligne à ce propos le manque de places pour les patients Alzheimer.
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