LES PROUESSES olfactives sont habituellement associées à des mammifères dits macrosmatiques comme les chiens, les rats et les porcs. Ainsi, les porcs sont d’une grande aide pour trouver les truffes, des rats sont maintenant dressés pour détecter à leur odeur des mines et les chiens ont vite fait de flairer la piste d’un faisan ou autre gibier.
Mais l’homme est-il capable de suivre une piste odorante ?
C’est la question que s’est posée l’équipe de Noam Sobel et Jess Porter (université de Berkeley, Californie), qui souhaitait découvrir par quels mécanismes les mammifères suivent une piste odorante.
Or, si l’homme possédait cette faculté, il représenterait un modèle bien plus facile à étudier et à manipuler que le chien.
A quatre pattes, les yeux bandés, les oreilles bouchées.
Dans une première expérience, les chercheurs ont demandé à 32 volontaires de se mettre à quatre pattes dans une prairie, et de tenter de retrouver et de suivre les traces odorantes d’un parfum au chocolat qui avait été déposé sur un parcours de 10 m. Les participants avaient les yeux bandés, portaient des gants épais et des boules Quies, de façon à ne se fier qu’au sens de l’odorat.
Les chercheurs ont eu la surprise de découvrir que, effectivement, deux tiers des personnes (9 femmes et 12 hommes) étaient capables de suivre la piste jusqu’au bout. En outre, pour flairer la piste, les participants déployaient les mêmes stratégies que d’autres animaux, comme les chiens, par exemple, reniflant à droite et à gauche, et suivant ainsi un parcours en zigzag dont l’axe central était la piste odorante.
Dans une deuxième expérience réalisée chez 4 volontaires, les chercheurs ont pu constater que l’entraînement améliore la faculté à suivre une piste odorante. Ainsi, au terme d’un entraînement de trois jours (réparti sur deux semaines), les participants suivaient la piste odorante avec moins de déviations et plus rapidement.
Chaque narine a son territoire.
Une troisième expérience a révélé que, contrairement à l’idée répandue, chaque narine d’un sujet inspire de l’air de régions nettement distinctes, qui ne se chevauchent pas dans l’espace. Cela a été démontré par la technique de vélocimétrie par images de particules. Chaque narine fournit une information spatialement distincte.
Enfin, une quatrième expérience a montré que la comparaison des informations entre les deux narines aide à mieux suivre la piste odorante ; les sujets sont en effet plus précis et plus rapides lorsqu’ils peuvent utiliser leurs deux narines que lorsqu’ils en ont une bouchée.
Ces résultats suggèrent, selon les chercheurs, que «la piètre réputation de l’olfaction humaine pourrait refléter, en partie, les faibles sollicitations comportementales plutôt que les aptitudes réelles».
Porter et coll. « Nature Neuroscience », 17 décembre 2006, DOI : 10.1038/nn1819.
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