A-t-on trop parlé de crise systémique à l’hôpital ? La fermeture partielle de services d’urgence au sein même de CHU est certes à la une des journaux grand public. Mais elle ne paraît guère provoquer une lame de fond de protestations, de colère. Comme si on s’était habitué à l’arrivée de la catastrophe. Le témoignage de Bernard Granger contribuera-t-il à installer l’hôpital en priorité absolue de l’agenda du nouveau gouvernement ? Avec Aurélien Rousseau, l’ancien directeur de l’ARS d’Île-de-France, directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, Matignon n’ignore certes rien de la situation que traverse l’hôpital public. Les politiques actuels sont d’ailleurs épargnés, pas en revanche Nicolas Sarkozy et sa loi HPST, par l’auteur qui opte pour un genre littéraire remontant à la plus haute antiquité et toujours d’actualité, la dénonciation de la bureaucratie. Bien sûr, un chef de service de l’AP-HP, le plus grand hôpital européen, a collectionné tout au long de sa carrière des perles savoureuses dont il fait bénéficier le lecteur. Certes les effectifs administratifs ont connu au cours des décennies précédentes une inflation galopante au mépris des postes de soin. Mais est-ce la seule cause du mal qui ronge l’hôpital ? Alain Supiot, professeur honoraire au Collège de France, que cite abondamment et avec raison Bernard Granger, puise son analyse sur la gouvernance par le nombre plutôt que par la loi par une étude des ressorts idéologiques qui ont mené à cette situation. Bernard Granger s’y refuse. On y goûtera en revanche le plaisir d’une écriture libre, ironique mais jamais méchante. Merci toutefois de ne pas envoyer le livre à Martin Hirsch. Il n’est pas sûr qu’il apprécie l’attention.
Exel m’a tuer, l’hôpital fracassé, Bernard Granger, éditions Odile Jacob, 102 pages, 2022, 9,90 euros.
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